Selon une nouvelle étude, le nombre de personnes menacées par l'élévation du niveau de la mer et les inondations pourrait être triplé d’ici 2100, atteignant 630 millions de personnes. A l’horizon 2100, le niveau de la mer devrait augmenter de 60 à 90 centimètres minimum.
Les inondations prévues à la suite de l'élévation du niveau de la mer menacent des centaines de millions de personnes et de vastes infrastructures le long des côtes de la planète.
Des scientifiques ont tenté d'estimer le nombre de personnes à risque, mais selon une nouvelle étude, tous ces chiffres étaient beaucoup trop faibles.
630 millions de personnes concernées
La recherche, publiée fin octobre dans la revue Nature Communications, indique que trois fois plus de résidents côtiers dans le monde sont vulnérables à l'élévation du niveau de la mer et aux inondations que les estimations précédentes ne le suggéraient.
Les deux climatologues à l'origine de la nouvelle étude, Scott Kulp et Benjamin Strauss, travaillent pour l'organisation Climate Central. Ils ont conclu que 110 millions de personnes dans le monde vivent déjà sur des terres situées en dessous du niveau de la mer actuelle.
Pour la nouvelle étude, les chercheurs ont examiné les données de 135 pays sur plusieurs scénarios et calendriers d’émission. En règle générale, les évaluations internationales des risques d'inondation utilisent des données de la mission SRTM (Shuttle Radar Topography Mission) de la NASA, qui cartographient l'élévation des pays du monde à partir de l'espace.
Mais, selon Benjamin Strauss, ces données utilisent les sommets des bâtiments comme des approximations de l’élévation, et non la hauteur réelle du sol sur lequel ces bâtiments sont bâtis. Les climatologues ont donc utilisé un nouveau modèle conçu pour corriger cet écart.
Ils ont constaté que, même dans un scénario très optimiste dans lequel les émissions de gaz à effet de serre atteindraient leur maximum l'an prochain, puis diminueraient, 190 millions de personnes occuperaient des terres situées sous le niveau de la mer d'ici la fin du siècle. Si les émissions continuent d'augmenter jusqu'en 2100, ce nombre pourrait atteindre 630 millions de personnes dans le monde. C'est presque le double de la population américaine actuelle.
L’Asie particulièrement vulnérable
Ces chiffres sont trois fois plus importants que ceux divulgués par les scientifiques qui ont seulement utilisé les données de la NASA.
Les résultats de l'étude suggèrent que l’Asie- en particulier l'Indonésie - est « menacée de manière disproportionnée par ce problème ».
Leur modèle a montré que d'ici 2050, 237 millions de personnes en Chine, au Bangladesh, en Inde, au Vietnam, en Indonésie et en Thaïlande pourraient faire face à des menaces annuelles d'inondations côtières. D'ici 2100, si les émissions continuent de ne pas être contrôlées, ce nombre pourrait atteindre 250 millions.
L’Europe du Nord, mais aussi la France seront concernées. Dans notre pays, un million de personnes pourraient être inondées chaque année en 2050, notamment en Loire-Atlantique, en Vendée, en Gironde, en Charente-Maritime, en Seine-Maritime et Hauts de France.
Les glaciers fondent 6 fois plus vite qu’il y a 40 ans
Les auteurs ont constaté que si la température de la Terre augmentait de plus de 3 degrés, le niveau de l'eau serait en moyenne de 90 centimètres plus élevé d'ici 2100. La température moyenne de la planète a déjà augmenté d'un degré et le niveau de la mer a globalement augmenté d’environ 15 centimètres. Mais la hausse s'accélère, selon le rapport.
Le rapport du GIEC suggère que d'ici la fin du siècle, les hautes mers risquent de déplacer ou de toucher 680 millions de personnes dans les zones côtières basses et environ 65 millions de citoyens de petits États insulaires.
Selon le GIEC, la principale cause de l’élévation du niveau de la mer est la fonte des glaciers de l’Antarctique et du Groenland, qui fondent six fois plus vite qu’il y a quarante ans.
D'une superficie d'environ 1,7 million de kilomètres carrés, la calotte glaciaire du Groenland couvre une superficie presque trois fois supérieure à celle d’un État comme celui du Texas.
« Le message le plus important à retenir est le suivant : le nombre de personnes qui seront menacées par l'élévation du niveau de la mer ce siècle est extraordinaire », a déclaré Margaret Williams, directrice générale du programme arctique du Fonds mondial pour la nature.