Déchets électroniques : Genève tente de contrer l’hécatombe environnementale

Le 28 avril 2025, la ville de Genève s’est transformée en capitale mondiale de la régulation des déchets électroniques et dangereux. À l’occasion de la 17ᵉ réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Bâle, suivie des sessions des Conventions de Rotterdam et Stockholm, experts et diplomates se retrouvent pour un combat titanesque : celui d’un environnement empoisonné par les rebuts de nos technologies.

By Stéphanie Haerts Last modified on 30 avril 2025 13 h 20
Déchets électroniques : Genève tente de contrer l'hécatombe environnementale
Déchets électroniques : Genève tente de contrer l’hécatombe environnementale © Shutterstock

La Convention de Bâle face à l’explosion des déchets électroniques

Depuis son adoption en 1989 et son entrée en vigueur en 1992, la Convention de Bâle n’a cessé de clamer son objectif : réguler les transferts transfrontaliers de déchets dangereux. Mais à Genève, en cette fin d’avril 2025, une évidence s’impose : malgré les bonnes intentions, le monde est au bord de la submersion. Selon un rapport des Nations Unies, 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été générées en 2022. À ce rythme effréné, le cap des 82 millions de tonnes sera franchi dès 2030.

Seulement 22 % de cette masse est effectivement recyclée. Le reste ? Il s'évapore dans les circuits illégaux ou s'entasse sur le continent africain, en toute violation du droit international. Le paradoxe est glaçant : alors que la Convention de Bâle interdit depuis plus de trente ans l’exportation non consentie de déchets dangereux, Edem D’Almeida, fondateur d’Africa Global Recycling, dénonce dans des propos rapportés par RFI : « de nombreux pays occidentaux continuent d'exporter leurs déchets sous couvert de vente d'appareils d'occasion ».

Déchets électroniques : l'Afrique, décharge des ambitions numériques

La face cachée de notre environnement numérique, ce sont ces tonnes de câbles, de batteries et de cartes mères qui terminent leur vie sous les cieux du Gabon, du Ghana ou du Nigeria. À Libreville, comme le rapporte RFI, des montagnes de plastiques, de ferraille et de déchets électroniques s’amoncèlent à la décharge de Mindoubé. Résultat : pollution des sols, de l’air, des nappes phréatiques et exposition chronique des populations à des substances hautement dangereuses.

À Genève, les représentants africains exigent un renforcement des mécanismes de contrôle et une responsabilisation juridique accrue des pays exportateurs. Dans un communiqué officiel daté du 8 avril 2025, le gouvernement suisse affirme soutenir ces revendications, réclamant une « gestion respectueuse de l'environnement et de la santé des déchets ».

Le spectre d'une géopolitique des déchets dangereux

Pourquoi ces violations persistent-elles malgré les conventions ? Parce que derrière chaque conteneur d'appareils usagés, il y a des profits à engranger et des réglementations contournées. À Genève, cette Conférence des Parties souhaite remédier au problème.

Au programme : révision des critères de définition des déchets électroniques, durcissement des sanctions internationales et traçabilité obligatoire des flux transfrontaliers. Sur son site, le Geneva Environment Network rappelle que la ville ambitionne de devenir un « modèle pour la réduction et la prévention des déchets ». Louable ambition... mais comment prétendre au "zéro déchet" quand l'économie mondiale carbure au jetable électronique ?

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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