Le célèbre poisson japonais fugu, qui consommé peut être mortel, a un nouveau cousin hybride qui semble se développer à cause du réchauffement climatique. Un phénomène inquiétant qui alarme les pêcheurs et les autorités japonaises.
Le fugu est un poisson-globe dont quelques organes contiennent de la tétrodotoxine. Il s’agit d’un poison violent contre lequel on ne peut rien faire. Ce poison paralyse le système nerveux allant jusqu’à l’arrêt respiratoire pouvant entraîner la mort. Le fugu reste malgré tout un mets très populaire au Japon. Sa chair sucrée se trouve dans les assiettes des plus grands restaurants et les prix peuvent atteindre plus de 700 euros le kilogramme en pleine saison.
La préparation c’est tout un art
Pour faire face aux intoxications, le gouvernement japonais a mis en place une législation très stricte. En effet, il est totalement prohibé de vendre un poisson entier dont les parties dangereuses n’ont pas été retirées. Cet exercice est très laborieux, pour ce faire, cinq ans de formation sont nécessaires et le taux de réussite ne dépasse pas les 50 %. Comme si cela ne suffisait pas, toutes les espèces de fugu ne sont pas éligibles à la consommation, 22 sur 53 sont autorisées, en raison de la neurotoxine qui est localisée dans des organes bien précis pour chacune. Chez certains poissons, elle se trouve dans le foie, chez d'autres dans la peau ou encore dans la chair.
Le réchauffement climatique crée des mutants
Le travail des chefs préparateurs va devenir de plus en plus laborieux dans les années à venir. En effet, l’agence Reuters détaille que les pêcheurs japonais récoltent depuis quelques mois dans leurs filets un nombre croissant de fugus hybrides, une espèce mutante mélange du Takifugu stictonotus et du Takifugu snyderi. Le premier trouve normalement son habitat dans la mer du Japon alors que le second vit dans les eaux du Pacifique. Mais à cause du réchauffement de l’océan, les fugus stictonotus ont débuté une migration vers le Nord afin de trouver des eaux plus froides. Il s’est alors mélangé au fugu snyderi, engendrant une nouvelle espèce impossible à discerner de ses homologues. D’après Hiroshi Takahashi, professeur à la National fisheries university, cet hybride semble proliférer de plus en plus : fin juin 2018, c’était déjà plus de 20 % de tous les fugus pêchés en une journée le long de la côte Pacifique de la préfecture de Miyagi, à 460 kilomètres au nord-est de la capitale Tokyo.