Suite à une dégradation importante du páramo (végétation des hauteurs de la Cordillère), les communautés andines ont vu disparaître peu a peu les ruisseaux qui les approvisionnaient en eau. En offrant aux populations locales de nouveaux moyens de subsistance permettant la préservation de cet …
Les gardiens de l’eau
Suite à une dégradation importante du páramo (végétation des hauteurs de la Cordillère), les communautés andines ont vu disparaître peu a peu les ruisseaux qui les approvisionnaient en eau. En offrant aux populations locales de nouveaux moyens de subsistance permettant la préservation de cet écosystème fragile, l’équilibre a pu être rétabli. Désormais, les habitants veillent avec soin à la préservation de cette ressource naturelle essentielle à leur survie.
Le páramo, c’est ce milieu d’altitude unique des cordillères, situé entre les neiges éternelles (4 800 m d’altitude) et la forêt andine (3500 m d’altitude). Principalement constitués de graminées, de rosettes géantes, ou d’espèces d’arbres endémiques, ses sols volcaniques possèdent de très importantes capacités d’infiltration et de rétention d’eau. Au lieu de ruisseler rapidement, le liquide est stocké avant de redescendre progressivement jusque dans les vallées, en passant par les villages bâtis au pied du páramo.
Chimillos est un de ces petits villages de la province de Pichincha, non loin de la capitale, situé à 4 000 mètres d’altitude. Il abrite 28 familles qui ont dû faire face à une situation difficile. Il y a 4 ans, l’eau ne coulait plus que pendant deux heures par semaine. Leur détresse a conduit le Fonag (le Fonds pour la protection de l’eau) à dépêcher sur place un groupe de techniciens chargés de découvrir les causes de ce phénomène. À leur arrivée, ils ont immédiatement constaté que les zones herbeuses du páramo avaient été gravement endommagées par les brûlis et le sur-pâturage. Les techniciens ont alors entrepris de convaincre les 180 habitants de cette zone de la nécessité de faire redescendre le bétail qu’ils élevaient en altitude. Afin que l’eau revienne, les villageois ont dû se résoudre à diminuer leurs activités d’élevage, qui représentaient pourtant leur principale source de revenus.
Le manque à gagner est a été compensé grâce à un projet agricole de culture maraîchère biologique et d’élevage de cuys, des cochons d’Inde dont la chair est très appréciée en Équateur. Un meilleur choix des espèces des plantes semées dans les prés et des races de vaches a également permis de doubler la production laitière.
Le Fonag a également décidé de former 20 femmes à la confection et à la vente de costumes traditionnels tout en ouvrant et en équipant un atelier de couture.
Cette reconversion réussie s’est accompagnée d’un programme de récupération du páramo. Des activités hebdomadaires visant à replanter des graminées et des polylepis, une espèce d’arbre originaire de la zone andine, ont permis de réhabiliter plus de 330 hectares. Ces initiatives ont donné des idées aux communautés voisines, où les activités d’élevage sont peu à peu remplacées par de l’artisanat. Des projets de tourisme durable sont également à l’étude.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. Les villageois ont à nouveau accès à l’eau tous les jours. Désormais, tous les habitants de la zone ont pris conscience du rôle à jouer et se sont autoproclamés 'gardiens des sources'.