La pêche est souvent présentée comme la principale ressource économique du Cap-Vert. Le cas de la société Frescomar, spécialisée dans la transformation du poisson en conserve est révélatrice de
Existe-t-il un secteur de la pêche digne de ce nom dans la région?
On présente souvent la pêche comme la principale ressource économique du Cap-Vert. Le cas de la société Frescomar, spécialisée dans la transformation du poisson en conserve est révélatrice de la grande fragilité du secteur.
Cette société appartenant au groupe espagnol Ubago, a investi en 2008 au Cap-Vert, rachetant l’unité de transformation de poissons de São Vicente. Deux ans plus tard, la situation est alarmante. L’usine est obligée d’importer la quasi-totalité du poisson nécessaire à la production. La flotte de pêche de l’archipel n’a fourni que 90 tonnes de maquereau et de thon au cours des 5 derniers mois. Une quantité dérisoire comparée aux 30 tonnes quotidiennes nécessaires pour faire tourner l’usine.
Si c’est pour importer du poisson du Maroc, pas besoin d’une usine au Cap-Vert. Autant agrandir mon usine marocaine, commente Antonio Blanco, le directeur.
Il a calculé qu’entre les importations du poisson, des boites de conserves et étiquettes, à peine 20% de la valeur créée reste dans le pays.
Tout le reste sert à payer des pêcheurs chinois, marocains, taïwanais, espagnols, ça n’a pas de sens.
Il regrette que la restructuration du secteur de la pêche promise par les autorités au moment du rachat de l’usine n’ait jamais eu lieu.
Pour lui,
il n’existe pas de secteur de la pêche au Cap-Vert.
Les problèmes d’une usine telle que la sienne ne se résument hélas pas à la seule fourniture en matière-première. S’ajoutent de graves problèmes d’infrastructures tels que l’électricité ou l’évacuation des eaux. Faute d’être reliée au réseau des égouts, les eaux usées sont traitées en interne, stockées dans une fosse sceptique puis transportées dans un local déterminé par les autorités. Une opération qui coûte 15 000 euros par mois. De plus, l’eau n’est pas fournie en quantité suffisante pour que l’usine subvienne à ses besoins.
Récemment, des coupures d’électricité successives sont venues s’ajouter à la liste des problèmes de fonctionnement.
Pour nous, c’est très grave,
... ajoute le directeur, faisant référence au maintien de la chaine du froid.
Selon lui, le conseil d’administration de l’entreprise est à deux doigts de jeter l’éponge, la patience ayant atteint leurs limites.
Le groupe a investi fortement dans cette unité, les investisseurs sont aujourd’hui excédés de ramer à contre-courant pour créer des opportunités dans ce pays.
Les exonérations de taxes douanières promises n’ont jamais vu le jour. Au contraire, les taxes ont doublé depuis l’ouverture de l’usine, obligeant les dirigeants de l’entreprise à s’asseoir de nouveau à la table des négociations avec le Ministère des Finances.
La situation est d’autant plus préoccupante quand on sait que Frescomar est le premier employeur du pays, responsable de la création de 600 postes de travail directs et de 150 postes indirects.