Une analyse récente du déclin du nombre de requins montre que celui-ci s’accentue à proximité des peuplements humains, y compris près d’atolls de moins de cent habitants.
Hommes et requins ne font pas bon ménage
Une analyse récente du déclin des populations de requins montre que celui-ci s’accentue à proximité des peuplements humains, y compris près des atolls de moins de cent habitants.
Selon une étude américano-canadienne publiée dans la revue Conservation Biologie, la chute de 90% du nombre de requins de récifs dans le Pacifique en dix ans, est en grande partie due à la pêche. Première à quantifier le déclin, l’étude analyse les résultats de plus de 1600 enquêtes sous-marines menées sur près de 46 îles et atolls du Pacifique. Elle conclut que la densité du nombre de requins de récifs augmente proportionnellement à la baisse de la densité des populations humaines, ainsi qu’à l’augmentation de la productivité et de la température de l’océan.
D’après les auteurs:
« [les] résultats suggèrent que les hommes ont aujourd’hui une influence plus forte sur l’abondance des requins de récifs que la qualité de l’habitat ou les facteurs océanographiques. »
Selon Marc Nadon, chercheur à l’Institut de recherche marine et atmosphérique de l’Université d’Hawaii et auteur principal de l’étude:
« En bref, hommes et requins ne font pas bon ménage. »
Près des atolls peu peuplés, la baisse des populations de requins est attribuée à la présence de flottes de pêche étrangères employant la population locale pour couper les nageoires de requins. Plusieurs zones de recherche (les îles nord-ouest de l’archipel d’Hawaii, trois des îles Mariannes, et toutes les îles de la zone connue sous le nom de Pacific Remote Island Area) jouissent pourtant d’un niveau important de protection fédérale. L’étude montre ainsi les limites de la création de réserves marines dans les régions isolées où la mise en application des réglementations fait souvent défaut.
Pour Julia Baum, co-auteur de l’étude et maître de conférence à l’Université de Victoria de Colombie-Britannique:
« l’application [des réglementations] de ces îles est un défi majeur méconnu de la conservation, et […] si l’on ne l’aborde pas de manière efficace, les requins de récifs de ces îles auront tous été péchés d’ici les dix prochaines années. »