Huit ouvriers sont récemment décédés à Jinan, capitale du Shandong, suite à des coups de chaleur reçus sur les chantiers. Les mesures censées les protéger ne sont pas respectées. Comme d’habitude, les travailleurs migrants sont ignorés.
Décompte des ouvriers morts de chaleur
Huit ouvriers sont récemment décédés à Jinan, capitale du Shandong, suite à des coups de chaleur reçus sur les chantiers. Les mesures censées les protéger ne sont pas respectées. Comme d’habitude, les travailleurs migrants sont ignorés. Touchant les salaires les plus misérables et réalisant les tâches les plus ingrates, ils sont maintenant exposés aux chaleurs record qui touchent la Chine sans réaction apparente de l’administration.
Le 30 juillet, un passant remarque un homme inconscient gisant sur le pavé et appelle les secours. Après quelques heures aux urgences, l’homme décède. Depuis, personne n’est venu s’enquérir de son sort. Ni un employeur, ni un membre de la famille, ni un collègue. C’est le drame des travailleurs migrants venus des campagnes pour fuir la misère, et dont la société chinoise semble n’avoir cure.
En une semaine, ce sont 8 disparitions directement liées au travail sous la chaleur qui ont touché la capitale du Shandong. La province qui s’enorgueillit d’être la terre natale du 'saint' Confucius, ne fait guerre preuve de compassion envers autrui, comme le prône le maître. Il faut dire que la situation chinoise permet aux employeurs de ne pas se soucier outre mesure du problème.
Tout d’abord, il y a la situation économique qui met les ouvriers complètement à la merci de leurs patrons. Le journaliste 'Cheran' a voulu récemment interviewer un proche d’un travailleur disparu du fait d’avoir travaillé en pleine chaleur. Il a accepté et pris rendez-vous pour le lendemain. Mais le jour venu, le parent de la victime a annulé la rencontre. Motif : il s’est mis d’accord avec l’employeur pour être dédommagé à hauteur d’un peu plus de 100 000 yuans (environ 11 240 euros). Sans doute l’argent est-il conditionné au fait de ne pas révéler trop de choses sur les pratiques en cours chez le dit employeur.
Ensuite, il y a le manque d’arsenal législatif. Selon Hao Jiyong, chef du cabinet d’avocats Jinglu et représentant à l’assemblée populaire municipale de Jinan, le seul document ayant valeur légale en la matière est un 'règlement temporaire sur la protection des travailleurs en période de forte chaleur' datant de 1960. Ce règlement 'temporaire' depuis un demi siècle ne correspond absolument pas aux réalités du moment. Les allocations chaleur prévues dans ce règlement ne sont pas obligatoires et ont particulièrement peu de chance d'être distribuées aux travailleurs migrants. D’autres mesures qui sont censées interdire les travaux sur les chantiers de 11h à 16h en cas de températures dépassant 37 degrés Celsius sont tout simplement ignorées.
Espérons que l’administration prendra les choses en mains comme elle sait si bien le faire quand elle en a la volonté. Le public commence quant à lui à prendre conscience de la situation extrême de ses concitoyens les moins privilégiés. Ainsi, un passant interviewé dans une rue de Jinan fait preuve de compassion.
Que ce soient des ouvriers migrants ou des balayeurs de rue, il s’agit de travailleurs, dont la protection est une responsabilité essentielle du gouvernement. Ils ne peuvent pas continuer à tomber en série sans que la communauté ne fasse quelque chose.