Octobre 2012 verra l’arrivée au pouvoir d’un nouveau tandem, Xi Jinping et Li Keqiang. L’occasion de faire un panorama de la politique environnementale chinoise et des défis auxquels le gouvernement chinois est confronté.
Le plan quinquennal vire au vert
Octobre 2012 verra l’arrivée au pouvoir d’un nouveau tandem, Xi Jinping et Li Keqiang, respectivement futur président et premier ministre. Ce changement de pouvoir est l’occasion de faire un panorama de la politique environnementale chinoise et des défis auxquels le gouvernement chinois est confronté.
Une croissance plus soucieuse de l’environnement
Contrairement à la plupart des pays, ce passage de témoin ne devrait pas provoquer de changement en matière de politique environnementale ou autre. Ce sont les plans quinquennaux, vestiges de l’époque communiste, qui fixent en amont les objectifs à atteindre. Le onzième plan quinquennal, voté en 2006, mettait avant tout l’accent sur la croissance. Pour le gouvernement, celle-ci devait atteindre au minimum 8% pour pouvoir absorber l’énorme quantité de gens arrivant chaque année sur le marché du travail tout en continuant à faire progresser le niveau de vie de la population.
Le dernier plan, voté le 5 mars 2011, fait de l’environnement « une véritable priorité pour la Chine », comme le souligne le premier ministre Wen Jiabao lors du discours d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire. De facto, ce plan va poser un certain nombre d’objectifs en matière environnementale. Pour 2015, le gouvernement souhaite une augmentation de 3,1% de l’utilisation des énergies non fossiles dans la consommation des énergies primaires. Pékin veut également diminuer la consommation d’énergie et de CO2 émis par unité de PIB de, respectivement, 16% et 17%. On peut également citer la volonté de diminuer de 30% d’ici 2015 la consommation d’eau par unité de valeur ajoutée industrielle.
Des investissements sont également prévus dans les usines de traitement des eaux usées et pour réduire les émissions des industriels. Et l’État a doublé son soutien aux industries vertes, dans le cadre d’un plan de développement des industries d’économies d’énergies et de protection de l’environnement. De 2011 à 2015, ces industries seront aidées par des mesures fiscales et administratives, ainsi que par des aides financières à l’investissement.
L’écologie à la sauce chinoise
Comme le remarque l’économiste Michel Aglietta,
la Chine va être certainement parmi les pays les plus intéressés par le développement durable.
Les problèmes environnementaux sont en effet une des principales sources de tension sociale, qui font partie des premières préoccupations du gouvernement. Il est donc dans l’intérêt du gouvernement de tout faire pour promouvoir le développement durable. Pour cela, Pékin offre son soutien aux industries du secteur en leur proposant de généreuses subventions. La Chine est le premier pays, hors Union européenne, à fixer un prix attractif de rachat de l’électricité venant de l’éolien. Selon les régions, les tarifs d’achats sont 30% à 50% plus élevés que ceux de l’électricité produite par les centrales à charbon.
Même situation pour le solaire dont le prix, fixé par Pékin, reste attractif pour le producteur. Le développement de ces entreprises va également être aidé par les banques – contrôlées par l’Etat – qui vont leur accorder des prêts à faible taux d’intérêt. En 2010, 6 entreprises de production de turbines éoliennes et de panneaux solaires ont reçu en moyenne des prêts d’une valeur de 6,5 milliards de dollars selon un rapport publié en 2010 par Bloomberg intitulé New Energy Finance, Joined at the hip : the US-China clean energy relationship. Preuve de l’efficacité de telles politiques, la Chine passe devant les Etats-Unis et devient le plus grand producteur d’énergie éolienne, avec 41,8 GW contre 40 GW. Le gouvernement a défini, à travers le douzième plan quinquennal, 7 industries stratégiques émergentes qui recevront au cours des 10 prochaines années 769 milliards de dollars.
Le chemin à parcourir reste long
Les sommes, qui peuvent paraitre colossales, sont à la hauteur des défis. Même si elle montre un certain intérêt pour les green-techs, la Chine tire encore environ 60% de son énergie du charbon. Cette source d’énergie, en plus d’être très polluante, est parfois extraite dans des conditions effroyables, provoquant la mort de plusieurs milliers de mineurs chinois chaque année. Sans compter qu'il faut analyser avec précaution les statistiques et données fournies par le gouvernement chinois, souvent accusé de les manipuler.
Si la côte du pays est à la pointe du progrès et bénéficiera probablement de ces investissements, certaines régions reculées restent confrontées à de graves problèmes environnementaux, telles que la pollution des eaux ou la sécheresse. Certains spécialistes affirment que les problèmes environnementaux couteraient à la Chine jusqu’à 12% de son PIB. Sur le plan international, les deniers sommets sur le climat ont montré que les Chinois sont loin d’être coopératifs sur les questions environnementales. Ses partenaires européens et américains sont irrités par la politique de subventions pratiquée par Pékin, comme en atteste la plainte à l’OMC des Etats-Unis.
Ces problèmes ne sont naturellement pas à négliger et montrent à quel point la Chine a encore des efforts à faire en matière environnementale. Mais ils ne doivent pas cacher la volonté de Pékin de mettre une touche de vert dans une économie rouge.