Une ONG a étudié les pratiques à l’embauche de 21 compagnies aériennes. Discrimination sur des critères physiques, d’âge, voire d’horoscope… On croit rêver, c’est pourtant vrai. Malgré la loi, le ciel chinois n’est pas pour tous.
La discrimination vole très haut dans les airs chinois
Une ONG a étudié les pratiques à l’embauche de 21 compagnies aériennes. Discrimination sur des critères physiques, d’âge, voire d’horoscope… On croit rêver, c’est pourtant vrai. Malgré la loi, le ciel chinois n’est pas pour tous.
Des critères trop sévères
L’organisation ‘Yirenping’ de Zhengzhou lutte contre les discriminations. Elle a réalisé une étude sur les offres d’emploi de 21 compagnies aériennes chinoises, toutes celles qui ont recrutées en 2011 et 2012. Les résultats laissent songeur… Dans ces offres, limites d’âge, taille minimale et maximale, et critère "esthétique" physique sont très classiques. La santé des candidats, état marital, casier judiciaire du postulant et de sa famille proche s'y ajoutent.
Sur ces 21 compagnies, toutes fixent des limites d’âge et ne recrutent pas de porteurs du HIV ou de la syphilis. Cinq compagnies refusent les porteurs du virus de l’hépatite B. Vingt d’entre elles utilisent un critère de taille et 18 des exigences sur l’apparence physique.
Dans ce domaine, la palme de la discrimination revient à la gigantesque compagnie de Shanghai China Eastern. Les critères physiques exigés des postulants à un poste de steward/hôtesse de l’air sont sévères: "membres proportionnés, belle couleur de peau, pas de tâches de rousseur ni d’acné. Le visage doit être symétrique et le rester dans la conversation ou le sourire. Dents blanches et bien alignées. Visage souriant et naturel, dos droit…"
D’autres critères trouvés par l’ONG sont: casier judiciaire vierge pour le candidat et ses parents (exigé par 18 des 21 compagnies objet de l’enquête), célibat (pour 4 des sociétés) et origine géographique (2 des compagnies étudies refusent les candidats venant des campagnes).
Rappel de l'interdiction de la discrimination
Liu Wei, responsable de l’ONG à l’origine de ce rapport, est indigné:
« Le code du travail est clair. La discrimination sur des critères d’ethnie, de race, de genre, de religion, d’intégrité physique et d’origine géographique est interdite. La seule exception porte sur les postes qui ont un rapport direct avec un de ces critères: la loi comprend qu’on ne puisse pas raisonnablement recruter un aveugle pour piloter un avion. Mais pas que le personnel naviguant aie moins de 26 ans! La science n’a pas prouvé qu’au dessus, personne ne puisse exceller dans cette profession. Au contraire, en dehors de sa fonction de service, ce personnel a un rôle essentiel en cas de danger. Il doit garder son calme et rassurer les passagers. Plus une personne a vécu, plus elle est susceptible de présenter ces qualités ».
L'approbation de l'avis de Monsieur Lui Wei est loin d’être acquise. Chen Jun, avocat spécialiste de la discrimination à l’embauche à Pékin, s’intéresse au problème en général et à ce rapport de ‘Yirenping’ en particulier.
« La discrimination, c’est grave. Certains employeurs inventent de nouveaux critères tous les jours, personne ne peut savoir s’il ne sera pas concerné à l’avenir. Je rencontre régulièrement des sociétés qui discriminent en fonction du signe zodiacal du candidat. »