Le manque chronique d’électricité affecte chaque aspect de la vie des Haïtiens. À la campagne, l’énergie photovoltaïque apporte des solutions pour s’éclairer, faire fonctionner les hôpitaux et même élever des poissons.
L’accès à l’énergie comme remède contre la pauvreté?
Principal obstacle au développement, le manque chronique d'électricité affecte chaque aspect de la vie des Haïtiens. À la campagne, l'énergie photovoltaïque apporte des solutions concrètes pour s’éclairer, faire fonctionner les hôpitaux et même élever des poissons.
Connectée au réseau électrique depuis seulement trois mois, la ville de Boucan-Carré doit désormais supporter les incessantes coupures de courant qui rythment le quotidien des Haïtiens. Une situation qui n'en reste pas moins privilégiée, puisqu'en Haïti seul un quart de la population bénéficie d'un accès régulier à l'énergie électrique.
Sans courant, pas d'industrie. Les entreprises locales peinent à maintenir leur activité, tandis que cette pénurie chronique fait fuir les investisseurs étrangers. Haïti est un pays où les étudiants lisent à la lueur des bougies, et où seuls les riches illuminent leur résidence grâce à des groupes électrogènes.
Le problème est antérieur au séisme qui a ravagé l'île il y a deux ans et freine depuis toujours son développement économique.
Quand l’énergie solaire permet de mieux manger
La situation pourrait toutefois changer radicalement d'ici peu, grâce à l'énergie solaire. À Boucan-Carré, l'ONG américaine Solar Electric Light Fund (SELF) va installer 63 panneaux photovoltaïques, destinés à alimenter les pompes d'un élevage de poissons. L’élevage doit générer une centaine d’emplois rémunérés 2 000 dollars par an et fournir une source d'alimentation riche en protéines aux habitants de la région.
Le gouvernement encourage également l'investissement des particuliers dans le solaire. Il a passé un partenariat avec des banques pour que 200 000 familles puissent bénéficier de prêts facilités. L'argent est destiné à l’achat de générateurs portables fonctionnant à l'énergie solaire. Le gouvernement de Michel Martelly espère ainsi pouvoir multiplier par deux le nombre de foyers ruraux ayant accès à l’électricité.
Parfois, les initiatives surgissent aussi du secteur privé. Par exemple, l'opérateur mobile Digicel développe des lampadaires solaires équipés d'une prise pour recharger les téléphones portables. Il prévoit d'en installer plus de 1000 unités au cours de l'année.
Partners in Health, une ONG basée à Boston, installe quant à elle des panneaux solaires sur le toit des hôpitaux, où les coupures de courant peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Délabré, le réseau doit être réformé
Si ces projets apportent des solutions efficaces à des problèmes ponctuels, le gouvernement sait en revanche qu'ils ne suffiront pas à résoudre la crise énergétique à eux-seuls. L'entreprise publique de distribution d'électricité bénéficie de 100 millions de dollars, soit 12 % du budget national, de subventions annuelles. Pourtant, elle reste incapable de garantir un accès constant à l'énergie, même au cœur de la capitale. Pour mener à bien sa réforme, les autorités haïtiennes ont confié les rênes de l’entreprise à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), pour une période de deux ans.
L'autre grand chantier consiste à rénover le barrage hydroélectrique de Peligre, qui ne fonctionne plus qu’à la moitié de sa capacité initiale, en raison d'un manque d'entretien. Avec une puissance installée de 54 MW, il s'agit de la plus grosse centrale électrique du pays. René Jean-Jumeau, directeur du département Énergie en Haïti, pense que la question énergétique est une priorité:
Si nous pouvons aborder de manière appropriée le problème d'énergie, nous insufflerons une dynamique à tout le processus de développement en Haïti.