L’écobuage, malgré son interdiction, est encore pratiqué en bordure de forêt par de nombreux agriculteurs cherchant à gagner des terres cultivables. Les sanctions prévues par la loi sont …
L’Amazonie en proie aux flammes
L’écobuage, malgré son interdiction, est encore pratiqué en bordure de forêt par de nombreux agriculteurs cherchant à gagner des terres cultivables. Les sanctions prévues par la loi sont peu dissuasives, et le phénomène se répète chaque année, provoquant de graves incendies. Le gouvernement avoue ne pas être en mesure de lutter contre la propagation des feux : plus de 90 000 hectares seraient déjà partis en fumée.
En contrebas de l’Altiplano, les provinces orientales de la Bolivie s’étendent dans le bassin amazonien pour former de vastes plaines couvertes de forêts. Peu avant la fin de l’hiver austral, au mois d’Août, les paysans ont souvent recours au feu pour le débroussaillage. Ils comptent sur les pluies de printemps pour éteindre les foyers lorsque ceux-ci deviennent incontrôlables. Mais cette année, les pronostics météorologiques ne prévoient pas de précipitations avant octobre, laissant entrevoir une catastrophe écologique sans précédents. Avec pas moins de 6 667 foyers en 2010, on est bien loin des 1 972 incendies comptabilisés en 2009, et l’on s’approche rapidement du triste record de 2005, année au cours de laquelle 8 144 foyers avaient été enregistrés.
Afin de lutter contre ce fléau, le gouvernement envisage de durcir considérablement les sanctions infligées aux incendiaires et organise déjà des ateliers d’information pour sensibiliser les agriculteurs à ce désastre écologique. Le président Evo Morales a également indiqué son intention de doter le pays du matériel et des moyens aériens nécessaires à la lutte contre les feux.
Pour l’instant, les autorités ne parviennent pas à maitriser les incendies, et des images satellites du nord du département de La Paz montrent que près de 90 000 hectares de forêt ont été rayés de la carte dans cette région. Au centre du pays, non loin de la ville de Cochabamba, le feu ravage le Parc National Tunari, tandis que plus à l’est, la commune de La Cachuela a été déclarée zone sinistrée suite aux incendies qui ont détruit 27 maisons, ainsi que des zones boisées et des cultures. Au bord du fleuve Manuripi, dans la province septentrionale de Pando, ce sont 1 200 hectares de forêt qui sont livrés aux flammes depuis deux semaines. En 2005, 50 000 hectares avaient déjà disparu dans cette zone.
Bien que l’ensemble des dégâts n’ait pu être quantifié, le ministère de l’Environnement estime que le reboisement des zones sinistrées coûtera au moins 200 millions de dollars.
Mais les feux ne sont pas tous imputables aux agriculteurs. Les causes peuvent être multiples et le changement climatique est un facteur aggravant important, en raison des sécheresses qu’il entraîne. Il s’agit là d’un véritable cercle vicieux, puisque les incendies contribuent au réchauffement planétaire, en libérant d’énormes quantités de gaz à effet de serre. L’épais nuage de fumée qui recouvre en ce moment une grande partie du pays provoque également une hausse locale des températures allant jusqu’à 2 degrés.