La Chine ‘conduit des recherches’ sur l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite. A Shanghai, on va permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus. Ces deux informations rapprochées ont fait bondir l’opinion chinoise …
le changement de l’âge légal du départ à la retraite fait débat
La Chine 'conduit des recherches' sur l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite. A Shanghai, on va permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus. Ces deux informations rapprochées ont fait bondir l’opinion chinoise. Dans un pays où l’on part très tôt à la retraite, héritage de mesures prises par Mao en 1950, un éventuel changement fait trembler.
Il a suffi d’une question d’un journaliste étranger lors d’une conférence de presse pour que la question surgisse dans l’actualité. Le vice ministre des ressources humaines et de l’assurance sociale a déclaré fin septembre que la Chine réfléchissait à un prolongement des années travaillées.
La question fait toujours l’objet de recherches. C’est un problème qui doit être réfléchi de manière globale et prendre en compte les caractéristiques de la structure de la population chinoise.
Suite à ces déclarations, les internautes chinois ont pris d’assaut les forums pour s’opposer à ce qu’ils considèrent être le signal d’une volonté du gouvernement de repousser l’âge légal de départ à la retraite. Selon une enquête réalisée par Internet à laquelle ont participé 200 000 personnes, 92% des internautes seraient opposés à une telle mesure. Mais la suite des événements risque de les inquiéter d’avantage encore.
En effet, Shanghai, une des villes où le problème du vieillissement de la population va se faire sentir en premier, a publié un règlement dans ce sens qui est entré en vigueur dès le premier octobre. Les travailleurs ont désormais la possibilité de continuer de travailler au-delà de l’âge légal. Rappelons que depuis 1950, l’âge légal de départ à la retraite en Chine est fixé de la manière suivante :
60 ans pour les salariés de sexe masculin, quelle que soit leur 'classe sociale'
55 ans pour les cadres de sexe féminin
50 ans pour les ouvriers de sexe féminin
Désormais à Shanghai, ceux qui le souhaitent pourront prendre leur retraite plus tard, avec une limite de 65 ans pour les hommes et de 60 ans pour les femmes.
Le débat est lancé et les premières mesures arrivent, mais la population est opposée à tout changement. Les raisons avancées sont diverses.
Madame Guo, qui travaille dans une usine pétrochimique à Shanghai :
Avec une espérance de vie pour les hommes de 73 ans et le premier emploi à 23 ans, un départ à la retraite à 65 ans qu’est ce que ça veut dire ? Cotiser plus de 40 ans et toucher la retraite pendant 8 ans. Moi, je trouve que la retraite à 45 ans ce serait à peu près convenable, et encore.
Madame Hu, responsable des RH dans une société d’investissement à Shanghai :
Que les pays occidentaux qui manquent de main d’œuvre se penchent sur la question des retraites, OK. Mais en Chine, on est dans le cas contraire, il n’y a qu’à regarder pour cela le nombre de diplômés de l’université qui ne trouvent pas de travail. Augmenter l’âge de départ à la retraite, ce n’est que déplacer le problème et ajouter quelques années de chômage pour les jeunes. Je comprends cependant le gouvernement, qui doit payer les retraites et se soucie des déficits de la caisse de retraites, mais laisse les jeunes chômeurs à leur sort sans avoir à s’en préoccuper.
Selon le chroniqueur Sun Weiguo, le débat doit être recadré et ne pas se focaliser sur les problèmes des riches citadins. Dans un article émouvant, il rappelle que les opposants à la réforme devraient penser à leurs concitoyens des campagnes.
Comme tout le monde le sait, les agriculteurs chinois ne 'prennent leur retraite' que quand leur condition physique ne leur permet plus de travailler aux champs. A ce moment, ils comptent sur leurs enfants pour leur survie. Nombreux sont ceux qui ne peuvent pas assurer une vie décente à leurs parents.
Le gouvernement a certes lancé des réformes dans quelques régions pilotes, donnant une retraite aux agriculteurs. Au mieux, il s’agit de 1 200 yuans par an (environ 130 euros), à peine de quoi survivre. Quand la maladie frappe, bien peu peuvent se soigner. Dans ce contexte, les hauts cris poussés par les citadins encore minoritaires en Chine - et qui sont les privilégiés de la nation - contre une éventuelle hausse des années de cotisation, sont mal venus.