A l’ occasion de l’ouverture officielle de la Quinzaine du Commerce Equitable 2013, une table ronde réunissant différents acteurs associatifs, politiques, et entrepreneuriaux s’est tenu lundi 29 Avril 2013.
Le commerce equitable, une affaire citoyenne
A l’ occasion de l’ouverture officielle de la Quinzaine du Commerce Equitable 2013, une table ronde réunissant différents acteurs associatifs, politiques, et entrepreneuriaux s’est tenu lundi 29 Avril 2013.
Il est 14h30 et la salle Clémenceau du palais du Luxembourg est presque comble. Des conversations s’engagent à droite et à gauche, toutes plus animées les unes que les autres. On a la légère impression que le commerce équitable n’est plus une affaire d’initiés, que de plus en plus d'acteurs de la société civile s’engagent sur cette voie d’avenir. Et pour cause, selon l’Institut d’Etudes de Marché et d’Opinion BVA, en 2012, 91% de la population française considérait le commerce équitable comme une démarche positive. C’est dire au combien les Français souvent réputés pour être des « râleurs égocentrés » font preuve ici d’un progressisme assumé.
Un bilan 2013 positif mais non-idéal
C’est sur ce chiffre encourageant que débute cette conférence qui s’est attachée à dresser un panorama des avancées du commerce équitable français. En avril 2013, celui-ci a engendré un chiffre d’affaire de 408 millions d’euros en France, enregistrant une hausse de 10% par rapport à 2012. 7 millions de foyers français consomment à l’heure actuelle des produits issus du commerce équitable, un chiffre en constante progression depuis 2003. Cependant, il faut noter qu’en 2012 les paniers des Français ne contiennent en moyenne que 6.24 euros de produits équitables. « Un chiffre encore trop faible qui montre que la marche de progression pour la consommation des produits équitables est encore énorme » selon Emmanuelle Cheilan, responsable de la communication de l’entreprise coopérative Ethiquable.
Et Frederick Apollin, directeur d’Agronomes Vétérinaire Sans Frontière d’ajouter : « Malgré le fait qu’aujourd’hui le commerce équitable est encore minoritaire par rapport au commerce normal, il est erroné de dire qu’il n’est qu’une ‘’niche’’ commerciale. La constante augmentation de ses parts de marché le prouve, mais aussi le fait que des grandes entreprises d’agroalimentaire s’engagent de plus en plus dans cette démarche. »
Pour ce qui est du marché de l’emploi, le commerce équitable en France, c’est 266 entreprises et 11 886 emplois. Un chiffre qui augmente régulièrement du fait d’un taux d’embauche régulier dans le secteur. Celui-ci, ayant semble-t-il mieux résisté à la crise que d’autres.
Toutes ces données dénotent que le commerce équitable français tend à se développer et se structurer. Ceci est une excellente nouvelle. Toutefois, il subsiste un gouffre entre la conviction des Français du bien-fondé de sa démarche et l’acte d’achat. Le reproche que ceux-ci font souvent à ses produits est qu’ils demeurent plus chers que les autres. La baisse historique du pouvoir d’achat dans l’hexagone ne facilitant pas les choses.
Les raisons d’un prix de vente plus élevé
Selon Frederick Apollin, le prix plus élevé des produits équitables est « une réalité indéniable, mais il est primordial de sensibiliser le consommateur aux raisons de cette différence de prix. »
Il s’explique par la qualité du produit vendu qui a nécessité plus de soin dans la manière dont il a été produit.
La rémunération volontairement plus élevée de ces derniers entre aussi en ligne de compte dans l’élaboration du prix final d’un produit équitable. Ce principe, au fondement même de l’idée de commerce équitable, s’inscrit dans l’optique de protéger les petits producteurs des prix fluctuants de leurs denrées sur les marchés financiers. Grâce à un prix minimum garanti d’achat de leurs productions, ils peuvent continuer à produire, avoir éventuellement des bénéfices, et avec ceux-ci, investir dans une meilleure gestion de leurs productions - plus respectueuse de l’environnement - et d’une qualité accrue.
La dimension sociale des produits équitables
Ces deux critères fondamentaux du commerce équitable permettent ainsi aux petits producteurs de passer d’un statut de subsistance, à un statut de développement. L’autre bienfait non négligeable de ce système étant la possibilité pour eux d’investir dans la construction d’infrastructures éducative, sanitaire, culturelle dans leur localité.
Un engagement citoyen
Un prix plus élevé pour un produit issu du commerce équitable n’est certes pas idéal pour le consommateur. Mais cet effort séculier ne vaut-il pas le coup lorsque l’on sait qu’il permettra de contribuer non seulement au développement économique de bon nombre de petits producteurs, mais aussi au développement social et environnemental de leur localité ?
Comme l’avance le délégué général de la Plate-forme du Commerce Equitable, Julie Stoll : « Le commerce équitable est un acte commercial certes, mais qui a aussi une forte dimension responsable et citoyenne dans un monde très inégalitaire. Par conséquent, il demande à toutes les parties prenantes de celui-ci des efforts. Mais au bout du compte, le gain social et environnemental profite tant aux consommateur, qu’à l’acheteur, qu’au producteur. »
Une réflexion qui nous rappelle que la condition sinéquanone à toute entreprise progressiste est l’effort commun et simultané de toutes ses parties prenantes. Pour son cas, le commerce équitable tsemble avoir de beaux jours devant lui. Le temps de la récolte n’a jamais été aussi propice…
Mathieu Viviani