Une vidéo met en évidence la vitesse de fonte spectaculaire d’un glacier de Patagonie. L’apparition d’une forêt prisonnière des glaces laisse penser que le réchauffement n’est pas seul en cause et qu’il pourrait s’agir d’un phénomène cyclique.
Le glacier Jorge Montt recule d’un kilomètre par an
Une vidéo met en évidence la vitesse de fonte spectaculaire d’un glacier de Patagonie. L'apparition d'une forêt prisonnière des glaces laisse penser que le réchauffement n'est pas seul en cause et qu'il pourrait s'agir d'un phénomène cyclique.
En réunissant 1445 clichés pris depuis un point fixe entre février 2010 et janvier 2011, les spécialistes du Centre d'études scientifiques de Valdivia (CEC) ont pu créer une vidéo montrant le recul anormalement rapide du glacier Jorge Montt, dans le sud de la cordillère des Andes. Présenté par le glaciologue Andrés Rivera, ce document permet de mesurer l'ampleur du phénomène, qui s'explique principalement par le réchauffement climatique mondial, sans que l'hypothèse d'un cycle naturel soit toutefois totalement écartée.
Depuis les premiers témoignages concernant le glacier, qui datent de 1898, celui-ci a reculé de 19,5 km. Un processus lent et uniforme jusqu'aux années 1990, qui a ensuite connu une soudaine accélération, avec un recul de 7 km en moins de sept ans. Cette vitesse a intrigué les experts du CEC, qui ont alors décidé de surveiller le glacier à l'aide de données GPS et d'un laser capable de mesurer l'épaisseur de la couche de glace. Des caméras ont également permis de photographier la zone quatre fois par jour.
Des arbres sous la glace
L'augmentation des températures dans ce secteur du Campo de Hielo Sur (champ de glace Sud de Patagonie) est sans aucun doute l’un des facteurs déterminants du processus. Estimée à 0,5°C, celle-ci entraîne une diminution des précipitations neigeuses et une augmentation des pluies, deux phénomènes qui accélèrent la fonte de la glace. Pour autant, Andrés Rivera n’exclut pas que ce recul puisse être amplifié par d’autres phénomènes cycliques. En 2003, le repli du glacier a en effet laissé à découvert des arbres vieux de 250 ans, attestant de l’existence d’une forêt antique. Le glaciologue explique :
Cela indique qu’à une époque, il existait une forêt qui s'est faite rattraper par une avancée du glacier.
Le Chili possède à lui seul entre 60% et 70% des glaciers d'Amérique latine, dont le champ de glace Sud de Patagonie, la troisième calotte glaciaire la plus importante de la planète après l'Antarctique et le Groenland. Leur recul entraîne la disparition des lacs glaciaires, qui constituent les principales réserves d'eau douce du pays.