Face à l’accumulation de déchets hautement toxiques, les spécialistes des nouvelles technologies dénoncent les pratiques des géants de l’informatique et des fabricants d’appareils électroniques, obligeant à un renouvellement toujours plus rapide de leurs produits.
Le logiciel libre, une réponse à l’obsolescence programmée?
Face à l’accumulation de déchets hautement toxiques, les spécialistes des nouvelles technologies dénoncent les pratiques des géants de l’informatique et des fabricants d’appareils électroniques, obligeant à un renouvellement toujours plus rapide de leurs produits.
Tels les androïdes du célèbre film de science-fiction Blade Runner, nos appareils électroniques seraient-ils conçus pour ne durer qu’un temps et disparaître ? Cette mort annoncée, baptisée "obsolescence programmée", est l’idée que les fabricants vendent délibérément des produits à la durée de vie technique ou commerciale réduite, afin d’obliger les consommateurs à les renouveler.
Les chiffres de la consommation en Argentine illustrent bien ce phénomène, avec plus de 12 millions de téléphones portables vendus en 2010, un million de téléviseurs, 1,2 millions d’imprimantes et 2,65 millions d’ordinateurs. Pour Mariano Fernández Soler, ingénieur à l’Institut National de Technologie Industrielle (INTI), cette pratique consistant à accélérer le cycle de consommation à travers diverses stratégies est en opposition totale avec le concept de développement durable :
Selon les données fournies par l’Agence de protection environnementale des États-Unis, les téléphones portables servent en moyenne 18 mois à leur utilisateur, avant d’être remplacés et jetés.
XP abandonné par Microsoft
L’ingénieur pointe du doigt la responsabilité des géants de l’informatique et s’indigne de la décision de Microsoft d’abandonner le support technique de Windows XP, alors que celui-ci est encore utilisé par 50% des utilisateurs dans le monde. Mais le remplacement constant des systèmes d’exploitation n’est pas le seul facteur obligeant les utilisateurs à utiliser du matériel toujours plus puissant. Vladimiro Di Fiore, expert en informatique et membre de l’association SOLAR (Software libre Argentina), affirme :
Toute l’industrie du logiciel propriétaire travaille avec l’obsolescence programmée, et cette politique n’est pas appliquée uniquement en Argentine, mais dans toute l’Amérique latine. Les programmes de chat ou de visioconférence obligent les gens à posséder la dernière version du système d’exploitation, qui ne fonctionne qu’avec une machine possédant une certaine configuration, qui comme par hasard, n’est pas la leur.
Les jeux vidéos sont sans aucun doute le type de logiciel qui illustre le mieux cette situation, puisque la plupart des nouveautés ne fonctionnent pas (ou mal) sur un ordinateur vieux de plus de quelques mois.
Des législations encore inadaptées
Pour Vladimiro Di Fiore, le logiciel libre offre des alternatives intéressantes pour briser ce cercle vicieux :
Il y a des projets en cours qui permettent d’utiliser de vieux PC 486 en réseau, qui fonctionnent parfaitement et évitent de générer des déchets informatiques.
Les professionnels de l’INTI prennent la question de l’e-waste (les déchets électroniques) au sérieux et ont mis en place un centre spécialisé qui procède à leur inventaire dans dix pays d’Amérique latine. À la différence d’autres résidus dangereux issus de l’industrie, les déchets électroniques sont produits par l’ensemble de la population et leur traitement adéquat nécessite la mise en place d’infrastructures plus complexes.
Si la plupart des pays de la région ont déjà fait un premier pas en recatégorisant ces déchets afin qu’ils ne soient plus considérés comme des ordures ménagères, leur recyclage reste toutefois très insuffisant.