Samedi 15 novembre c’était la Journée mondiale du recyclage et du 22 au 30 novembre se déroulera la Semaine européenne de la réduction des déchets. L’occasion pour nous d’évoquer les réutilisations possibles de nos matériaux d’occasion, notamment pour la construction.
Nos matériaux méritent une seconde vie
Au Pavillon de l’Arsenal, à Paris, l’exposition « Matière grise. Matériaux, réemploi et architecture » ne présente pas moins de 5 projets réalisés à partir de matériaux de récupération. Plus inventifs et surprenants les uns que les autres, ces projets venant de toute la planète sont là pour prouver le potentiel du réemploi et la nouvelle vie que nous pouvons offrir aux matériaux de construction ayant déjà servi tels que les bétons préfabriqués, les pilotis maritimes, les enrouleurs de câbles, les plaques de plâtre, les briques usagées etc etc…
Julien Choppin, architecte et un des deux commissaires de l’exposition explique que « le réemploi est distinct du recyclage : c’est une nouvelle utilisation d’un matériau existant, sans transformation radicale de sa forme, mais en détournant éventuellement sa fonction initiale ». Les gains d’’une telle pratique sont bien évidemment très nombreux : « moins d’énergie pour extraire, transformer, transporter et mettre en œuvre la matière, moins de pollutions, de rejets et de déchets ».
Le berceau du réemploi c’est la Californie qui a initié cette pratique dans les années 1970. Au fur et à mesure, toute une filière économique s’est mise en place autour du réemploi. Il existe des entreprises qui se sont consacrées à la « déconstruction » de bâtiments. La déconstruction, souvent plus couteuse que la démolition y est même compensée par une déduction fiscale.
La France à la traine
Notre vieille France est elle largement en retard. Le réemploi commence doucement à susciter l’intérêt. Pourtant le terrain de jeu est le même ! Le secteur du bâtiment et des travaux publics génère 260 millions de tonnes de déchets tous les ans. D’ailleurs, l’Europe est dans la même situation que la France même si elle commence, petit à petit, à inciter le réemploi.
« L’union européenne a fixé à ses Etat membres un objectif de réemploi ou de recyclage de 70% des déchets du BTPP d’ici à 2020. Mais aujourd’hui le recyclage concentre toutes les attentions et tous les financements des infrastructures industrielles ou du soutien à l’innovation » relève un avocat spécialisé en droit de l’environnement. Moralité ? Le réemploi n’est pas encore vraiment rentré dans les mœurs.
Pour revenir à l’exemple de la France, dans l’Hexagone les seuls matériaux proposés au réemploi son les produits anciens ayant une valeur patrimoniale : les belles cheminées, le parquet Versailles, les charpentes, les tommettes en terre cuite… Mais pour les autres matériaux, il n’y a pas de filière.
Du côté des constructeurs c’est la conformité qui peut poser problème car le bâtiment est un secteur très réglementé et normé. Avant d’utiliser des matériaux usagés, les constructeurs veulent s’assurer de la conformité des produits avec les normes en vigueur. Il serait peut-être judicieux de créer une structure qui délivrerait ces garanties aux professionnels du bâtiment. En tout cas il y a beaucoup à faire pour le réemploi.