Avec les prix du pétrole qui montent sans cesse, le prix du riz importé n’est plus à la portée des bourses de tous les Guinéens. Ils se sont donc adaptés à la situation en modifiant leur alimentation.
Le riz cède du terrain
Avec les prix du pétrole qui montent sans cesse, le prix du riz importé n’est plus à la portée des bourses de tous les Guinéens. Ils se sont donc adaptés à la situation en modifiant leur alimentation.
Un riz importé trop cher
Le riz est toujours la nourriture de base des Guinéens. Le pays produit son propre riz de manière limitée. La majorité - entre 200 et 300 000 tonnes- est importée d’Asie chaque année pour répondre à la demande de ses 10,6 millions d’habitants.
Avec la hausse des prix qui semble ne jamais s’arrêter, les fermiers ont réagi en plantant de la cassave à la place. Les champs de cassave ont plus que doublé en 7 ans. L’Agence nationale pour la sécurité alimentaire (SNSA) annonce qu’on est passé de 58 424 hectares en 2004 à 122 550 hectares in 2011. Environ 775 500 tonnes ont été récoltées l’an dernier et la cassave est consommée dans tout le pays.
Un produit local aux multiples usages
“La cassave est vraiment un produit vital pour la sécurité alimentaire car, à bon marché, on dispose à la fois des feuilles et de son tubercule. Les feuilles sont aussi riches en vitamine A et C” explique Kandia Traoré, un agronome.
Un fermier sur son exploitation agricole dans le district de Babila a consacré un hectare à la cassave :
“J’ai récolté 6 tonnes de cassave l’an dernier. On en a mangé une partie et le reste a été vendu, ce qui a rapporté 700 dollars pour notre foyer”.
Un vendeur de cassave sur le marché de Kouroussa, explique:
“Le marché de la cassave est très porteur. Nous avons même créé une coopérative en 2010 pour arrive à vendre nos produits à la capitale, Conakry, pour augmenter nos profits. Mais les routes sont tellement délabrées qu’elles isolent les villages producteurs car il est difficile de transporter les tubercules. Par conséquent, la transformation et la conservation de la récolte sur le lieu de la récolte est essentielle.”
La méthode traditionnelle de préparation de la cassave permet de la conserver pendant un an au moins. Il faut la peler, la tremper dans l’eau et la sécher au soleil pendant plusieurs jours.
Les tranches de cassave peuvent aussi être écrasées et transformées en une farine fine, utilisée pour faire du “too”, du foufou servi avec une sauce à l’okra. Les Guinéens ont aussi commencé à faire de ‘’l’attiéké’’, un plat ivoirien, aux arômes forts, à base de cassave fermentée.
Les petits cultivateurs rêvent d’avoir une usine pour y transformer la cassave. Selon Karamo Sidibé, de l’association Sabougnouma à Kouroussa :
“Les Guinéens y gagneraient si les investisseurs ou les bailleurs de fonds finançaient une usine de transformation industrielle. Cette installation contribuerait à bâtir une valeur ajoutée et à renforcer la sécurité alimentaire”.