Les 846 millions de barils du parc national Yasuní devraient rester sous terre à jamais, grâce à la signature d’un accord avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Pour la première fois, un pays décide de ne pas exploiter ses réserves d’hydrocarbures…
renonce à exploiter son pétrole pour préserver ses forêts
Les 846 millions de barils du parc national Yasuní devraient rester sous terre à jamais, grâce à la signature d’un accord avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Pour la première fois, un pays décide de ne pas exploiter ses réserves d’hydrocarbures et recevra en contrepartie un dédommagement de la part de la communauté internationale.
À bien des égards, l’initiative Yasuní constitue une première historique, en ouvrant la porte à de nouveaux mécanismes de lutte contre le réchauffement climatique. Tout d’abord, ce projet permettra d’éviter l’émission de plus de 400 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, plutôt que de tenter de compenser les rejets après coup, comme c’est presque toujours le cas. On assiste également à un véritable partage des responsabilités au niveau mondial, puisque l’Équateur devrait recevoir 3,6 milliards de dollars de compensation, correspondant à 50% des revenus qu’aurait générés l’exploitation de ce pétrole.
Le projet, initialement présenté devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 2007 par Rafael Correa, le président de l’Équateur, a réussi à voir le jour au terme d’un parcours pour le moins chaotique. Malgré l’enthousiasme qu’il avait suscité lors du sommet de Copenhague, sa signature avait été annulée au dernier moment en raison de dissensions au sein du gouvernement équatorien.
Toutefois, les défenseurs de l’initiative ont fini par l’emporter, et la création d’un fonds administré par le PNUD a pu débuter. Les intérêts générés par les sommes perçues serviront non seulement à financer le parc Yasuní et les 43 autres réserves naturelles que compte le pays, mais également à développer des projets d’énergie renouvelable un peu partout en Équateur.
Pour Rebeca Grynspan, signataire de l’accord et directrice régionale du PNUD,
la création de ce fonds brise le paradigme des relations Nord-Sud, puisque les pays industrialisés ne sont pas les seuls contributeurs : le plus gros de l’effort est fourni par le peuple équatorien, qui renonce à exploiter ses réserves de pétrole pour rendre possible un modèle de développement totalement différent.
Les 982 000 hectares de forêt amazonienne du parc Yasuní sont considérés comme l’une des réserves de biodiversité les plus riches de la planète. Cette zone fait partie du refuge du pléistocène Napo, l’une des régions ayant maintenu son humidité au cours des changements climatiques de l’ère quaternaire, servant ainsi de foyer de repeuplement de l’Amazonie après chaque bouleversement. Aujourd’hui, le parc est habité par les peuples Waorani et Taromenane, considérés comme des tribus 'non contactées'. Ils sont pour l’instant les gardiens de cette biodiversité exceptionnelle, qui leur a permis de conserver leur mode de vie traditionnel pendant des siècles.
En offrant une alternative économiquement réaliste à l’exploitation d’hydrocarbures, l’initiative Yasuní suscitera certainement des projets similaires dans d’autres pays du monde, là où l’exploitation du pétrole menace des sites vulnérables au niveau environnemental ou social, comme les forêts, les mangroves ou les fonds marins.