Depuis son réveil début juin, les scientifiques chiliens étudient l’impact à long terme de l’éruption du volcan Puyehue. Les cendres qui recouvrent une partie de la Patagonie pourraient améliorer la qualité des terres cultivées, mais il faudra encore patienter quelques années.
Les cendres volcaniques pourraient améliorer la fertilité des sols
Alors que plusieurs réserves d'eau douce chiliennes sont menacées et que trois provinces argentines sont toujours en état de catastrophe agricole, les scientifiques étudient déjà l'impact à long terme de l'éruption du volcan Puyehue. Les cendres qui recouvrent une partie de la Patagonie pourraient améliorer la qualité des terres cultivées, mais il faudra encore patienter plusieurs années.
Avec plus de 2000 volcans et une soixantaine d'éruptions au cours des dernières 450 années, le Chili est un pays habitué aux catastrophes géologiques. Mais si les colères des volcans sèment souvent la terreur et la désolation, elles réservent aussi parfois d'heureuses surprises.
Ce pourrait être le cas avec le Puyehue, entré en éruption le 4 juin, dont les cendres recouvrent une vaste portion de la Patagonie chilienne et surtout argentine. Par endroits, cette couverture atteint 30 cm et le trafic aérien austral fait toujours l'objet d'importantes perturbations.
Le malheur des uns fera le bonheur des autres
Pour l'instant, les agriculteurs doivent parer au plus pressé. Les éleveurs argentins voient mourir leur bétail faute de pâturages sains, tandis que du côté chilien on s'inquiète de la pollution des lacs et des rivières, qui subissent un réchauffement provoqué par la chute de matériaux volcaniques encore tièdes.
Heureusement, les études préliminaires de la Commission Nationale à l’Énergie Atomique Argentine montrent que les cendres ne contiennent aucune substance dangereuse pour la santé humaine telle que le soufre, l'arsenic ou la cristobalite. Les échantillons prélevés sont surtout composés de silicium, d'aluminium, de potassium, de calcium, de fer, de titane, de magnésium, de sodium et d'un peu de chlore. Roberto Casas, chercheur à l'Institut National de Technologie Agricole Argentin (INTA), fait ainsi cette déduction :
Au final, ce sera bénéfique pour le sol […], les cendres contiennent des minéraux qui se météorisent, c'est-à-dire qui se dégradent en libérant des nutriments dans le sol à long et à moyen terme, comme la silice, le fer ou le potassium. Ce processus nécessite toutefois plusieurs années, au cours desquelles les matériaux se dissolvent et fertilisent la terre.
Pas la première fois
Les spécialistes chiliens signalent pour leur part que les cendres provoquent des réactions alcalines susceptibles d'augmenter le Ph du sol sur quelques centimètres, ce qui pourrait se révéler bénéfique pour les végétaux.
En 1991, les cendres du volcan chilien Hudson avaient décimé plus de 600 000 têtes de bétail, mais elles avaient permis la fertilisation d'une vallée de la Patagonie argentine où sont désormais produites des cerises destinées à l'exportation.
Selon les chercheurs de l’INTA, les cendres avaient surtout permis d'alléger le sol, le rendant ainsi plus perméable à l'eau et à l'air.