Aujourd’hui, le lamantin d’Afrique de l’Ouest est menacé. Ce doux mammifère marin se trouve dans les fleuves et les zones humides du Sénégal à l’Angola. On continue à le braconner pour sa viande succulente, sa peau et ses os.
Les dernières sirènes africaines
Sa cousine, l’énorme rhytine de Steller a été exterminée par les marins au 18ème siècle. Aujourd'hui, c'est le lamantin d'Afrique de l'Ouest qui est menacé. Ce doux mammifère marin se trouve dans les fleuves et les zones humides du Sénégal à l'Angola. On continue à le braconner pour sa viande succulente, sa peau et ses os. Il meurt aussi accidentellement dans les filets de pêche, les structures sous-marines ou blessé par les bateaux. Sa population est en chute libre.
La sirène africaine
À Dakar, Ali Haida, le directeur de l’ONG Oceanium protège les lamantins du fleuve Sénégal :
Dans les villages de Casamance, c'est un animal très mystique. Les chasseurs doivent porter de nombreux talismans et pratiquer de longs rituels avant de partir le chasser.
Les Africains pensent qu’un esprit, une sirène, habite le corps du lamantin : Mamiwata. Au Gabon, c’est une belle qui entraine les hommes dans son antre pour toujours. Au Cameroun, Mamiwata signifie prostituée, tandis qu’au Nigeria, un contact avec elle est un porte-bonheur pour vous et votre famille. Au Niger, on la vénère. Mais partout on la chasse. Un lamantin représente 400 à 500 kilos de viande. À 2 dollars le kilo sur les marchés du Sénégal et d’Afrique de l’Ouest, cela rapporte. Même si sa chasse est interdite, la loi n’est pas respectée.
Dans les cercles scientifiques, on parle de cet herbivore comme de "l'animal oublié" alors qu'il existe depuis 45 million d'années. Selon une scientifique de EcoHealth Alliance, Lucy Keith-Diagne :
En Afrique, c'est l'animal le moins étudié. La plupart des gens ne les rencontrent que morts ou dans la marmite, malheureusement.
La protection passe par la population
Momar Sow de l’ONG Wetlands rapporte qu’au Sénégal, en Guinée et en Gambie, la tradition n’est plus passée aux jeunes générations :
Les chasseurs de lamantin sont pour la plupart âgés. C’est une chance. Toutefois, les Sierra Léonais les tuent aussi facilement qu’une vache.
Wetlands et Oceanium ont la tâche vitale de sensibiliser les foules sur le sort du lamantin "oublié". Oceanium a sauvé 22 spécimens au Sénégal et développe des projets d’éco-tourisme où les touristes paieront pour les voir évoluer dans leur milieu naturel. Haida est convaincu qu’il s’agit de la meilleure solution dans un pays où les gens se font plus de souci pour le repas de demain que pour la protection d’un animal rare :
C’est quand leur environnement leur rapportera quelque chose financièrement que les gens se mettront à le protéger.
La biodiversité et le développement durable
La biodiversité est importante pour que les hommes vivent mieux. Toutefois, selon le Worldwatch institute, nous assistons à la plus grande extinction d’espèce depuis celle des dinosaures il y a 65 millions d’années. Selon l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), les espèces aquatiques se sont réduites de moitié entre 1970 et 2000.
La majorité des pays développés ne voient pas vraiment l’importance de perdre une espèce à l’autre bout du monde. Mais dans les pays pauvres, les gens sont plus dépendants de leur environnement naturel pour leur survie. La diversité est essentielle pour assurer leur nourriture et leurs soins. La disparition des ressources est ressentie plus durement dans un pays comme le Sénégal, à cause de sa pauvreté. Si les lamantins sont exterminés, il y aura un trou dans l’écosystème. Et nous ne connaissons pas les vertus cachées de toutes les espèces pour un futur durable, alors il faut toutes les protéger pour nos enfants.