Depuis le 28 novembre déjà, la conférence annuelle des Nations Unies sur le climat bat maintenant son plein à Durban.
Les négociations de Durban à la croisée des chemins…
Depuis le 28 novembre dernier, la conférence annuelle des Nations Unies sur le climat bat son plein à Durban.
Alors que tous les regards étaient tournés vers Copenhague en Décembre 2009, cet intérêt semble s’être en grande partie estompé depuis l’échec fracassant des négociations au Danemark… Le grand public ne semble pas ce préoccuper vraiment de cet événement et les objectifs des négociations semblent difficiles à comprendre. lemonde.fr pose d'ailleurs la question : “À quoi servent les conférences sur le climat?” (voir ma réponse en trois points pour le projet Adopt a Negotiator).
Mais depuis cette conférence hors du commun, les négociations ont repris, d’abord sans grande conviction et dans un contexte très morose. Puis les négociateurs se sont remis progressivement au travail.
Alors que plusieurs jours se sont déjà déroulés ici depuis l’ouverture des discussions, il est difficile de faire la part des choses entre (manque de) volonté véritable et simple tactiques de négociation. Grâce aux progrès réalisés à Cancun et lors d’autres réunions au cours de l’année, les obstacles techniques ont maintenant été en grande partie levés, et l’avancement des négociations dépend maintenant quasi-exclusivement de la volonté politique des principaux gouvernements engagés dans ce processus.
Cette situation met donc véritablement les pourparlers au pied du mur, et cela pour la première fois depuis deux ans.
Explorons deux trajectoires opposées que la conférence de Durban pourrait adopter (il existe aussi un grand nombre de scénarios intermédiaires).
- Dans un scénario positif, l’UE pourrait annoncer ici son intention de s’engager une nouvelle fois dans le cadre du Protocole de Kyoto. Cette décision pourrait être suivie par une réponse de nos amis Australiens et Néo-Zélandais s’engageant aussi dans ce cadre. Inspirés par cette dynamique, l’ensemble des états présents accepteraient de lancer un nouveau cycle de négociations qui nous mènerait en 2015 vers un accord juridiquement contraignant pour tous les pays – incluant les États-Unis et les grands pays émergents.
- Dans un scénario bien plus négatif, les États-Unis et le Canada rencontraient du succès dans leur campagne visant a rejeter l’idée même d’engagements nationaux. Les discussions entre pays du Nord et pays du Sud s’envenimeraient, l’Inde radicalisant sa position visant à rejeter la responsabilité sur les pays industrialisés. Les négociations climatiques s’orienteraient alors de manière dangereuse sur une trajectoire faisant d’elles une coquille vide, et nous perdrions un des outils-clés à notre disposition pour agir contre le changement climatique. Les pays les plus touchés en Amérique Centrale, en Afrique Sud-Saharienne et les petits états insulaires seraient les grands perdant d’une telle tournure des évènements.
Même s’il est encore trop tôt pour prédire l’issue de cette réunion, les premiers jours de Durban ont déjà démontré qu’aussi bien l’un que l’autre de ces scénarios pourrait aboutir dans les prochains jours.
Au vu de l’enjeu, on ne peut donc que regretter que cette conférence cristallise si peu de débats au sein des opinions publiques. Espérons que les citoyens Européens et leurs médias payent plus attention à ces négociations au cours des prochains jours, sans quoi il y aurait peu à attendre de l’Union européenne dans ses négociations et, par conséquent, peu de chances de voir de véritables progrès au cours des quatre prochains jours.
Bulletin originalement publié sur le site du projet Adopt a Negotiator
Sébastien Duyck