Les experts se battent pour sauver les 68 000 kiwis restants dans un pays qui abritait autrefois des millions d’individus
Au-dessus d'un ciel marbré, une embarcation solitaire traverse l'eau vers l'île de Kapiti. Cette embarcation a été abandonnée sciemment et offerte aux oiseaux rares et vulnérables de la Nouvelle-Zélande pour se nourrir sans être dérangé. Les Kiwi apparaissent prudemment sur la plage à minuit. En l'absence de prédateurs, les oiseaux sont confiants et prospères.
« Les Néo-Zélandais sont une population timide et recluse, le kiwi est un oiseau auquel nous nous identifions », dit Paul O'Shea, un administrateur de Kiwis for Kiwi, un groupe de conservation créé pour sauver l'oiseau de l'extinction.
Une population en déclin de 2% par an
« Il est tout aussi vital de protéger le kiwi en Nouvelle-Zélande que de protéger l'orang-outan de Bornéo, le tigre de Sumatra en Indonésie et le panda en Chine. Perdre ces espèces de la planète pourrait ne pas affecter votre vie de tous les jours, mais c'est une perte pour l’humanité. »
Il reste 68 000 kiwis dans le pays et leur nombre diminue au rythme de 2% par an. Il y a un siècle, il y en avait des millions. En dehors des zones exemptes de prédateurs, les poussins et les adultes sont tués et mangés par des chiens et des chats, attaqués par des opossums, des hermines et des rats, et frappés par des voitures la nuit.
Ces animaux antiques, incapables de voler et vivant la nuit sont une merveille pour les conservationnistes du monde entier. Ils descendent d'un « proto-kiwi » qui vivait il y a environ 50 millions d'années, ils pondent des œufs si grands qu'ils mettent des jours à être pondus.
Les îles et les sanctuaires sans prédateur constituent l’acte de conservation le plus élevé pour les terres protégées en Nouvelle-Zélande, explique Emma Neill, qui travaille au service de la conservation du pays. Des garde-chasses, qui vivent et travaillent sur l’île patrouillent, prêts à éradiquer toutes les menaces pour les kiwis : des hermines qui parviennent à « radoter » (sur du bois flotté ou des débris après une tempête), des rats qui se cachent sur des bateaux ou des fourmis argentines qui aux poussins présents dans les nids.
Si un envahisseur est détecté sur l'île, ils sont poursuivis par des chiens entraînés, piégés et ensuite appâtés avec le poison controversé 1080.
Le gouvernement veut éliminer les prédateurs
En 2016, le gouvernement s'est engagé à faire en sorte que la Nouvelle-Zélande soit exempte d'organismes nuisibles d'ici 2050. Tous les rats, les hermines et les opossums doivent être éliminés.
Le mois dernier, le nouveau gouvernement a annoncé une augmentation de financement pour le ministère de la Conservation en allouant 80 millions de dollars néo-zélandais (46,7 millions d’euros) aux efforts d'éradication.
Le plus grand obstacle à la sauvegarde du kiwi reste les chats et les chiens domestiques. Mais c'est un sujet délicat en Nouvelle-Zélande, qui a l'un des taux les plus élevés de possession d'animaux de compagnie par habitant au monde.
Pour atteindre l'objectif d’ici 2050, une série de nouvelles technologies devront être déployées en plus du piégeage et de l'appâtage, explique Brent Beaven, responsable du programme « sans prédateur d’ici 2050 ». L’utilisation de drones, d’agents biochimiques et de modificateurs génétiques sont envisagés.
Partout dans le pays, des groupes de bénévoles établissent et vérifient les pièges à ravageurs dans les zones de conservation et le nombre de pièges dans les arrière-cours est en croissance constante.
Dans le Northland, les habitants forment leurs chiens s’éloigner des kiwis. Si le meilleur ami de l’homme commence à attaquer le kiwi, un léger choc électrique est administré pour le dissuader de traquer l’oiseau. Quant aux chats, ils sont enfermés chez eux la nuit.