Au niveau de la sécurité alimentaire, rien de plus sensible en Chine que les produits laitiers. Le public se souvient du scandale de 2008 de la mélamine dans le lait. Alors, l’implication étroite des industriels dans la rédaction de nouvelles normes inquiète et oblige le gouvernement à réagir.
Les normes sanitaires sur les produits laitiers déterminées par l’industrie?
Au niveau de la sécurité alimentaire, rien de plus sensible en Chine que les produits laitiers. Le public se souvient du scandale de 2008 de la mélamine dans le lait. Alors, l’implication étroite des industriels dans la rédaction de nouvelles normes inquiète et oblige le gouvernement à réagir.
La nouvelle a fait la une des journaux pendant une semaine. Selon des experts, la rédaction des nouvelles normes sanitaires relatives aux produits laitiers aurait été "prise en otage" par les grands industriels du secteur. Les internautes se sont déchaînés pour crier au scandale et le gouvernement a réagi : Wang Zhutian, vice-ministre des Affaires sanitaires, s’est exprimé devant la presse pour assurer que "la rédaction de ces normes n’a pas été commandée par l’industrie". Pourtant, les doutes persistent.
Premier motif d’inquiétude pour le public : la présence dans la commission de 70 experts chargée de rédiger ces normes de plus de 10 représentants de l’industrie. Une proportion qui semble exagérée par rapport à celle des représentants des consommateurs, du législateur et de la communauté scientifique. Second motif d’inquiétude : l’évolution du contenu même de ces normes entre le premier texte projet et la dernière version présentée au public.
Selon un membre de la commission, la limite pour la numération des bactéries aérobies serait passée de 500 000 à 2 millions par gramme de lait entre les deux versions, et la teneur minimale en protéines de 2,95 grammes pour 100 grammes à 2,8. Tout cela sous l’influence des membres de la grande industrie. Ces manipulations auraient même poussé plusieurs membres à quitter la commission et porter des accusations dans la presse.
Un précédent en tête
La réaction de Wang Zhutian est certes la bienvenue. Mais même le Quotidien du Peuple, premier défenseur de l’administration, réclame plus. Il faudra des explications convaincantes pour rassurer et répondre à ces accusations. Le scandale de 2008 est trop frais dans la mémoire des Chinois pour laisser passer des soupçons de pressions venant de l’industrie agro-alimentaire.
A l’époque, deux entreprises avaient été liquidées alors que c’est toute une filière qui était au centre des accusations. Pour le public, il est clair que deux sociétés ont payé pour tous, alors que tous étaient coupables d’ignorer une règle du jeu officieuse dans la profession : l’utilisation de mélamine à grande échelle pour cacher la dilution du lait par de grands fournisseurs. Beaucoup craignent à terme une répétition de la tragédie si l’administration se rend coupable de collusion avec l’industrie.