Le Sundarbans, inscrites deux fois au patrimoine mondial de l’UNESCO côté indien et bangladeshi, sont menacées par le changement climatique. La construction d’une centrale au charbon en pleine mangrove risque d’aggraver le problème…
Les Sundarbans plus que jamais menacées
La région inscrite deux fois au patrimoine mondial de l’UNESCO côté indien et bangladeshi, est menacée depuis longtemps par le changement climatique. Mais la construction d’une centrale au charbon en pleine mangrove risque d’aggraver le problème.
Les Sundarbans, région naturelle à cheval sur l’Inde et le Bangladesh, abrite la plus vaste étendue de mangrove au monde. C’est un réservoir de biodiversité richissime. Mais la montée des eaux dans le delta du Gange, la multiplication des typhons et la surexploitation inquiètent depuis des années. En mai 2009, le cyclone Aila dévastait une partie de la région et faisait craindre le pire. Mais au lieu de l’attention accrue dont a besoin une région menacée, tout se passe comme si l’Inde et le Bangladesh avaient décidé d’achever ce sanctuaire.
Un projet sur 800 hectares de mangrove
A seulement 4 kilomètres de la zone tampon protégée, une coopération supranationale prévoit la construction d’une centrale électrique au charbon. 800 hectares récupérés sur la mangrove pour une capacité de 1320 MW. Un projet réalisé par des fonds indiens sous l’égide de la National Thermal Power Corporation (NTPC), qui doit permettre au Bangladesh de réduire un peu la crise énergétique.
Seule la moitié de la population est reliée au réseau électrique, et il manquait 1200 MW en 2011 pour résoudre le problème. Dans ce contexte de forte demande, l’investissement est prometteur. La localisation géographique a été étudiée avec soin sur des critères essentiellement économiques. Elle permet notamment un acheminement pratique du charbon indien qui sera consumé dans les chaudières de la centrale.
Un charbon qui a une très forte teneur en soufre. Une donnée qui inquiète les opposants au projet. Ronald Halder, expert de la vie sauvage basé à Dakha, est de ceux-là.
Le Bangladesh compte trois réserves de dauphins. L’un d’eux est situé tout près de la future centrale. Les émissions de la centrale et le transport du charbon vont nécessairement l’impacter fortement.
Pas d'étude d'impact publiée
Une autre voix qui se fait entendre contre ce projet est elle du secrétariat de la Convention de Ramsar. Lew Young, conseiller spécial pour la zone Asie Océanie au secrétariat de la Convention située en Suisse, s’étonne:
C’est difficile pour nous de juger, puisque les promoteurs du projet n’ont pas jugé bon de publier l’étude d’impact environnemental. Nous n’avons pas la localisation exacte de la centrale, dans ces conditions, c’est impossible d’étudier l’impact exact qu’elle aura sur les Sunderbans.
Dans ce contexte de manque d’informations, l’inquiétude est de rigueur pour tous les défenseurs de la nature. Une certitude en effet, celle que l’eau de la rivière Passur sera utilisée pour le refroidissement et les autres besoins en eau douce. Syeda Rizwana Hasan, directeur de l’association nationale des avocats sur les problématiques environnementales, rapporte que:
C’est cette rivière qui assure le maintien de l’équilibre eau douce – eau salée pour toute la région. La survie de nombreuses espèces en dépend.
Cependant, le choix du site a selon toute évidence été fait avec soin. Un premier projet, loin des Sunderbans, avait été rejeté à cause d’une trop grande proximité avec des zones fortement peuplées. Si, comme cela semble de plus en plus probable, le projet au bord de la zone protégée est maintenu, ce ne seront pas les denses populations urbaines qui soufreront de la pollution atmosphérique et de l’eau. Ce ne seront ‘que’ les dauphins et la mangrove qui trinqueront…