Il y a les hétérosexuels, les homosexuels, les bisexuels et les métrosexuels. Dites bienvenue aux végésexuels !
Les végésexuels sont parmi nous
Il y a les hétérosexuels, les homosexuels, les bisexuels et les métrosexuels. Dites bienvenue aux végésexuels !
Les végésexuels, qu’est-ce que c’est ?
Traduction de l’anglais « vegansexuel » créé en 2007 par la chercheuse Annie Potts de l’Université de Canterbury et directrice du New Zealand Centre for Human-Animal Studies. Ce terme a été fondé à la suite d’une étude portée sur 157 personnes végétariennes. Elle définit la végésexualité comme le fait de ne « faire l’amour qu’entre végétariens ».
Cette pratique et croyance vient du désir de partager les mêmes valeurs avec son ou sa partenaire, mais surtout par dégout des omnivores. Un dégout qui semblerait davantage toucher les femmes végétariennes. A en croire les dires de la journaliste Anne Darche, l’idée d’être intime ou de faire l’amour avec une personne digérant un animal répugne les végésexuels. Un dégout qui dépasserait celui du non-fumeur pour le fumeur.
Une personne interrogée dans le cadre de l’étude d’Annie Potts explique qu’elle « ne peut même pas s’imaginer embrasser des lèvres qui permettent à des morceaux d’animaux morts de passer dans son corps ».
Un phénomène qui irait crescendo selon les chercheurs néo-zélandais. Et pour répondre à cette nouvelle vague aucun coup marketing n’est délaissé.
Êtres vegan c’est sexy !
Si les chiffres concernant les végétariens stagnent selon plusieurs sources, Statistique Canada ne valide pas ces chiffres. Il semblerait que le nombre de végétariens canadiens soient similaires à celui des États-Unis. Il atteindrait un pourcentage avoisinant les 3 à 4% de la population.
Selon Anne Darche, le végétarisme serait intégré dans la vie comme un style de cuisine au même niveau que la cuisine thaï, indienne ou italienne.
Même si les chiffres sont peu élevés, chaque jour une nouvelle star dévoile son régime végétarien ou même végétalien. Un côté glamour et sexy dont s’est emparé PETA (People for the Ethical Treatment of Animals – une association de défense des droits des animaux) dans ses campagnes pro-végétariennes. L'association utilise le style porno chic dans ses publicités allant jusqu’à déclarer que «les végétariens sont de meilleurs amants et amantes».
Un club de striptease vegan à Portland
Dès 2008, le Casa Diablo Gentlemen’s Club était le premier club de striptease au monde à être entièrement végétarien. Les plats offerts flirtent avec le tofu et les danseuses sélectionnées sont majoritairement végétariennes.
Johnny Diablo, un homme d'une quarantaine, se décrit lui-même comme un végétarien conscientisé depuis plus de 20 ans.
Les animaux avant le droit féminin ?
Si le sexe fait vendre, la provocation ne doit-elle pas avoir certaines limites? Notamment dans un contexte où les végétariens ont à cœur la cause animale? Mais qu’en est-il de celle de la femme? Vendre le végétarisme dans des campagnes d’affichages ou des courts métrages en utilisant le corps de la femme est d’un goût douteux, voire dégradant. N'est-ce pas un dérapage?
Dans un article du Guardian, la journaliste Julie Bindel critique ce type d’initiative compte tenu du contexte. Dans cet article, elle pose la question de l’image et des droits de la femme. Dans un club de striptease comme celui de Portland, le respect des stripteaseuses est-il moins important que celui des animaux?
En voulant conscientiser sur le droit des animaux, la femme est toujours traitée comme un morceau de viande. La journaliste cite les campagnes de communication de PETA qui promeuvent le végétarisme. Dans l’un des derniers courts métrages, nous voyons une jeune femme avec une minerve, toute amochée, qui rentre chez elle. Son copain est en train de réparer un trou dans le mur de la chambre, provoqué par l’explosion de son énergie sexuelle depuis qu’il est devenu végétarien. Une publicité qui met mal à l’aise tant elle rappelle les femmes victimes de violences conjugales.
Des actions pour le droits des animaux, oui. Mais mettre en scène des femmes dans des attitudes dégradantes, grossières et vulgaires, n’est-ce pas un mauvais principe et une erreur de choix? Sommes-nous prêt à tout pour faire passer notre message et vendre nos idées?
Christine Lacaze