Mettant fin à plus d’un an et demi de débats parlementaires, les députés catalans ont décidé d’abolir les fêtes taurines sur leur territoire. Votée à une courte majorité, la loi devrait entrer en vigueur au premier janvier 2012 …
l’interdiction des corridas en Catalogne prendra effet début 2012
Mettant fin à plus d’un an et demi de débats parlementaires, les députés catalans ont décidé d’abolir les fêtes taurines sur leur territoire. Votée à une courte majorité, la loi devrait entrer en vigueur au premier janvier 2012. Le Parti Populaire catalan annonce cependant qu’il essayera de faire déclarer la tauromachie d’intérêt culturel général au niveau national, afin de rendre la nouvelle loi inefficace.
Avec 68 voix pour, 55 contre et 9 abstentions, l’Initiative législative populaire demandant l’interdiction des manifestations taurines au sein de la communauté autonome catalane a été adoptée, provoquant à la fois scènes de liesse chez les défenseurs des animaux et grand désarroi parmi les partisans des corridas.
Lors d’une conférence de presse accordée après la session parlementaire, José Montilla, président du gouvernement autonome, a déclaré qu’il avait voté contre l’interdiction et espérait que cette loi ne générerait pas de nouveau conflit entre la Catalogne et le reste de l’Espagne.
La victoire des anti-taurins a été rendue possible par la liberté de vote dont disposait les deux grands partis politiques, le CiU (Convergence et Union) et le PSC (le Parti Socialiste Catalan). La plupart des députés nationalistes ont voté en faveur du texte, tandis que les socialistes y étaient majoritairement opposés.
Artur Mas, leader de l’opposition et secrétaire général du CiU, a finalement voté pour l’interdiction des corridas, pour des raisons 'de conscience personnelle, et non idéologiques'. Il explique qu’il ne s’était pas prononcé sur la question jusqu’à présent pour ne pas influencer le choix des autres députés nationalistes. Artur Mas estime que cette décision sera bénéfique pour la Catalogne.
Alicia Sánchez Camacho, la présidente du Parti Populaire (PP) en Catalogne, n’est pas de cet avis et considère qu’il s’agit 'd’une triste journée pour la Catalogne'. Elle a d’ores et déjà annoncé son intention de présenter une proposition au Sénat et au Congrès des députés, dans laquelle les manifestations taurines seraient déclarées d’intérêt culturel général. Cette décision permettrait de protéger la tauromachie sur l’ensemble du territoire espagnol et empêcherait leur interdiction par une communauté autonome. Les défenseurs des corridas comptent également contester l’interdiction devant le Tribunal Constitutionnel.
Par ailleurs, les sociétés organisatrices de manifestations taurines vont devoir négocier des indemnités avec le gouvernement catalan pour compenser leur manque à gagner et pourraient exiger jusqu’à 300 millions d’euros.
Au cours du débat, le PP et les Ciutadans (le parti des anti-nationalistes catalans) ont reproché aux groupes nationalistes de voter l’interdiction pour des raisons identitaires. Ces derniers se défendent de tout calcul politique, et ont décrit en détail les souffrances endurées par les animaux lors des manifestations taurines.
Devant le parlement, les activistes anti-corridas ont laissé éclater leur joie à l’issue du vote, tandis que la colère montait dans les rangs des défenseurs de la tauromachie, qui s’estiment trahis par leurs députés. Des insultes n’ont pas tardé à se faire entendre et les forces de l’ordre ont dû se déployer afin d’éviter tout incident.
La loi n’entrera pas en vigueur avant 2012, et les anti-taurins ont fait savoir qu’ils continueraient d’ici là à dénoncer les traitements infligés aux animaux lors de chaque manifestation taurine.