L’émergence de bactéries résistantes conduit les Etats-Unis à une réforme pour limiter la sur-utilisation des antibiotiques sur les animaux d’élevage.
L’usage des antibiotiques dans l’élevage industriel restreint
L'émergence de bactéries résistantes conduit les Etats-Unis à une réforme pour limiter la sur-utilisation des antibiotiques sur les animaux d’élevage.
Les responsables fédéraux de la réglementation sur les médicaments ont annoncé, début janvier 2010, la restriction de l’utilisation des antibiotiques sur les élevages de porcs, poulets et dindes. Des pratiques qui auraient contribué à la hausse des résistances aux traitements lors d’infections bactériennes chez les hommes.
Principales visées, les préparations de céphalosporines comme Cefzil ou Keflex. Des antibiotiques parmi les plus prescrits en cas de pneumonies, angines, streptococcies, infections de peau ou urinaires.
Pour les microbiologistes, ces médicaments, utilisés dans l’agriculture, ont conduit au développement de bactéries résistantes. Selon des médecins, ces bactéries ont coûté la vie à des milliers de personnes.
L'utilisation des antibiotiques
Les antibiotiques ont été les médicaments miracles du 20ème siècle. Leurs emplois, tant chez les humains que chez les animaux, ont été abusifs et sans discernement. Les agriculteurs - épris des effets de la pénicilline et de la tétracycline pour améliorer la robustesse des bovins, des poulets et des porcs - ont ajouté ces molécules en vrac dans la nourriture et l’eau des bêtes, sans prescription, ni signe de maladie chez les animaux.
Dans les années 1970, les responsables de la santé publique commencent à s’inquiéter de leur sur-utilisation. De nouvelles infections mortelles, résistantes aux traitements habituels, apparaissent. Depuis lors, la Food and Drug Administration (FDA) a engagé des efforts auprès des agriculteurs, des éleveurs et des vétérinaires pour les sensibiliser aux dangers et aux conséquences néfastes de l'usage excessif de ces médicaments.
La résistance antibactérienne et la santé publique
Il y a dix ans, la FDA interdit l’utilisation agricole des fluoroquinolones, comme le Cipro. L’annonce de cette semaine marque une nouvelle étape pour la FDA. Sous-commissaire pour les aliments à l'agence, Michael R. Taylor explique:
Nous pensons que c'est une étape indispensable pour préserver l'efficacité de cette classe d'antimicrobiens. Il faut prendre en compte la nécessité de protéger la santé humaine et animale.
Les céphalosporines ne sont pas utilisées aussi largement pour le bétail que la pénicilline, car ils nécessitent une ordonnance auprès des vétérinaires. Mais ces molécules sont couramment injectés dans les œufs des futurs poulets d’élevage. Elles sont également utilisées à fortes doses pour traiter les infections des animaux.
La nouvelle règle va restreindre certains de ces usages. Ce n’est qu’un pas modeste, bien qu’applaudit par les défenseurs des consommateurs. Elle nécessite d’être amplifiée par des mesures beaucoup plus strictes. Laura Rogers, de Pew Charitable Trusts - qui préconise la restriction des antibiotiques dans les usages agricoles -, déclare:
Cette annonce est particulièrement importante car les céphalosporines sont essentielles à la santé humaine. Mais ce n'est qu'une première étape.
La FDA avance à petits pas
Le FDA avait déjà proposé la restriction de l'usage des céphalosporines en 2008. Mais une forte opposition des vétérinaires, des agriculteurs et des compagnies pharmaceutiques l'avait fait reculé.
Dr. Christine Hoang, directrice adjointe des activités scientifiques à l'American Veterinary Medical Association, est satisfaite. Pour elle, cette réglementation est plus équilibrée que celle proposée en 2008:
Les prescriptions initiales étaient trop restrictives et interdisaient, inutilement, certaines utilisations qui ne sont pas dangereuses pour la santé humaine.
Un guide d’utilisation de la pénicilline, rédigé par la FDA, devrait bientôt voir le jour.
Nous espérons terminer ce travail dans les prochain mois.
La représentante Louise M. Slaughter, démocrate de New York et microbiologiste, regrette des mesures tardives et trop timides.
Avec la montée de superbactéries résistantes aux antibiotiques, nous sommes témoins d’une menace de santé publique massive . Nous devons agir avec rapidité et fermeté.