Malgré d’importantes manifestations populaires, la multinationale américaine remporte plusieurs batailles décisives au Paraguay et en Argentine, où seront fabriquées et cultivées des variétés résistantes à de nouveaux pesticides. Une défaite au goût amer pour les organisations paysannes et les populations victimes de l’épandage.
Monsanto passe à l’attaque avec un nouveau maïs OGM
Malgré d’importantes manifestations populaires, la multinationale américaine remporte plusieurs batailles décisives au Paraguay et en Argentine, où seront fabriquées et cultivées des variétés résistantes à de nouveaux pesticides. Une défaite au goût amer pour les organisations paysannes et les populations victimes de l’épandage.
Un modèle agricole controversé
La journée mondiale de protestation contre la firme Monsanto, lundi 17 septembre, a donné lieu à une multitude de manifestations au Canada, en Argentine, en Allemagne, en Équateur, au Paraguay, au Brésil, au Pérou, au Japon, aux Philippines et jusque devant le siège de l’entreprise, à Saint Louis aux Etats-Unis.
Devenue le symbole de la manipulation génétique des semences et de la production de pesticides comme le désherbant total Roundup, l’entreprise américaine catalyse la colère de milliers d’organisations à travers le monde.
Le mouvement a été particulièrement suivi en Argentine et au Paraguay, où le modèle d’agriculture que tente d’imposer la multinationale américaine grâce à ses OGM est perçu comme une véritable menace pour la souveraineté alimentaire et la santé publique.
Victoire des grands propriétaires terriens
La destitution express du président paraguayen Fernando Lugo, opposé aux OGM, a permis de faire approuver presque immédiatement l’utilisation de 5 variétés de maïs : VT Triple Pro, NK 603 et MON810, de Monsanto, ainsi que le BT11 de Syngenta et le TC1507 de Dow AgroSciences. L’objectif est de permettre aux grands propriétaires terriens de cultiver un million d’hectares de maïs OGM au Paraguay. Un revers important pour les organisations luttant en faveur de l’agriculture paysanne, dans un pays où les 2% de la population les plus riches s’accaparent 80 % des terres.
En Argentine, les manifestations les plus virulentes ont eu lieu dans les grandes villes du pays, à Buenos Aires, Bahía Blanca, Rosario, Tucumán, Carlos Paz, et surtout Córdoba, où Monsanto a commencé à construire une usine de semences OGM.
L’Argentine est, avec l’Inde, l’un des pays où le modèle de production agricole s’est le mieux adapté aux exigences des grands groupes comme Monsanto. La plupart des OGM y sont autorisés, même ceux interdits dans d’autres pays.
Un concentré de technologies génétiques
Le site de Córdoba permettra la commercialisation d’une nouvelle variété de maïs nommée INTACTA, qui résiste non seulement au Roundup mais aussi à un nouveau pesticide, le glufosinate.
Cette graine sera un véritable concentré des technologies génétiques de Monsanto, et pourra générer des toxines mortelles pour certains insectes. La variété de maïs MON810 possédait déjà cette propriété, mais les semences Intacta incorporeront deux gènes supplémentaires permettant de sécréter en tout trois composés insecticides.
Selon l’organisation Médecins des villages victimes de l’épandage, le processus de fabrication de ces graines OGM nécessite l’emploi de pesticides qui contamineront les réserves hydriques.
Une nouvelle pollution dont se passeraient bien les habitants de la région, déjà gravement affectés par les produits agrochimiques. Récemment, un procès historique donnait raison aux habitants de Barrio Ituzaingó, en condamnant deux producteurs pour épandage illicite de glyphosate (Roundup) ayant entraîné de nombreux cas de cancer.
Dans les rues de Córdoba, près de 7000 personnes ont manifesté contre l’implantation du nouveau site de production de semences de Monsanto, réclamant la fin d’un modèle de production agricole qui privilégie les profits au détriment de la santé publique et de l’environnement.