C’est le printemps, et à Dongyang (province du Zhejiang), une odeur étrange envahit les rues : celle des œufs cuits à l’urine d’enfants. Une tradition millénaire que certains défendent par l’économie d’eau qu’elle permet …
Pour économiser l’eau, cuisez les œufs à l’urine
C’est le printemps, et à Dongyang (province du Zhejiang), une odeur étrange envahit les rues : celle des œufs cuits à l’urine d’enfants. Une tradition millénaire que certains défendent par l’économie d’eau qu’elle permet…
Les petits vendeurs de rue sont partout, leurs ‘œufs des enfants’ se vendent 1,5 yuan chacun (environ 16 centimes d’euros). Pas donné, mais ils partent comme des petits pains. Si cette tradition vous fait rire, attention, ne la sous-estimez pas : la pratique a été inscrite au patrimoine immatériel de la ville de Dongyang… Et les responsables locaux comptent bien la faire passer dans le patrimoine de la province du Zhejiang….
De quoi s’agit-il ?
D’une pratique dont les origines se perdent dans les millénaires de l’histoire chinoise. A Dongyang, une fois le printemps venu, les écoles et collèges disposent de seaux en plastique dans les couloirs. Les petits garçons savent que c’est dedans qu’ils doivent faire pipi, et ça les amuse beaucoup. Les professeurs les encouragent et leur rappellent :
Si vous avez mal à la tête ou que vous ne vous sentez pas bien, ne faites pas pipi dans les seaux.
Les marchands de rue passent tous les soirs récupérer qui un seau, qui deux, etc…
Et ensuite?
Ensuite, ils préparent les œufs. Madame Li est vendeuse de rue et nous explique le processus.
On plonge les œufs bien nettoyés dans l’urine qui remplit la marmite. Une fois que l’urine commence à frémir, il faut fendre un peu la coque des œufs. Il faut régulièrement mélanger et ajouter de l’urine nouvelle. On fait ça pendant une nuit et un jour entier, en changeant régulièrement la force du feu.
Certains adorent, d’autres détestent
La plupart des habitants aiment cette spécialité. Madame Liu, interrogée alors qu’elle achète deux douzaines ‘d’œufs d’enfants’ s’exclame :
C’est délicieux ! Je peux en manger 10 par jour ! Je suis arrivée à Dongyang il y a quelques années, je n’en avais jamais mangé avant. Dès que j’ai goûté j’ai adoré et maintenant je ne peux plus m’en passer !
Mais d’autres ne sont pas de cet avis. Monsieur Li est de ceux-là.
30 ans ici, je n’en ai jamais mangé. Je ne supporte pas leur odeur, rien que d’y penser ça me donne envie de vomir. Ca pue vraiment à mourir !
Le pauvre : les rues de Dongyang sont couvertes de cette vapeur d’urine pendant tout le printemps et l’été. C’est ‘l’odeur du printemps’, comme l’appellent les locaux.
Si l’explication donnée pour l’existence de cette pratique un peu particulière est celle de croyances en ses bienfaits médicaux, d’autres y voient une façon d’économiser l’eau qui se fait de plus en plus rare. Peu convaincant, surtout que cela se fait clairement au détriment de l’hygiène de vie. Ainsi Jia Suqing, médecin de l’hôpital local est très sceptique.
L’urine est remplie de tout ce que le corps n’utilise pas, elle n’a donc aucun apport pour le fonctionnement des organes. Comme c’est une tradition ancienne, je ne m’y oppose pas, mais du point de vue médical, je ne la recommande pas.
Wu Yunhua en revanche croit dur comme fer à ses vertus. Il est médecin de médecine chinoise.
Mais évidemment, ça ne convient pas à tout le monde, il faut consulter pour savoir combien et quand en manger.
Après tout, même s’il est un peu étrange, ce remède de médecine chinoise est mois dérangeant que la bile d’ours qui se vend toujours aussi bien…