Après avoir refusé de payer une partie de la dette de ses banques, le gouvernement islandais a décidé d’alléger de 24 000 euros les dettes des ménages qui ont contracté un emprunt immobilier.
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Après avoir refusé de payer une partie de la dette de ses banques, le gouvernement islandais a décidé d’alléger de 24 000 euros les dettes des ménages qui ont contracté un emprunt immobilier.
Le gouvernement islandais a annoncé le 30 novembre un plan d'action visant à réduire la dette des ménages qui ont contracté un emprunt immobilier. Au total, ce plan permettra de réduire de 13 % à 15% la dette des ménages, et coûtera à l’État 150 milliards de couronnes (plus de 900 millions d'euros) sur quatre ans. Après validation par le Parlement, les allégements entreront en vigueur mi-2014.
Le plan du gouvernement
Sur le site officiel du gouvernement, le premier ministre centriste, Sigmundur Davíd Gunnlaugsson, présente les deux grandes lignes de cet ambitieux plan.
a) Allégement de la dette pour les prêts hypothécaires indexés sur l'inflation
Les Islandais ayant contracté un emprunt immobilier indexé sur l'inflation (la majorité) verront une partie de leur endettement effacée, dans la limite de 24 000 euros. Le gouvernement islandais reprendra cette dette à sa charge, et la remboursera progressivement sur quatre ans.
b) Exemption d'impôt pour épargne-retraite personnels
Les ménages qui le souhaitent pourront, pendant trois ans, utiliser une partie des cotisations qu'ils versent à leur fonds de retraite pour rembourser plus vite leurs emprunts. Un effort que le gouvernement soutiendra en réduisant les taxes habituellement perçues sur ces versements.
Le gouvernement a par ailleurs rendu illégal tous les prêts aux particuliers indexés sur des monnaies étrangères.
La logique économique du plan d’action
La dette des ménages est un sujet politiquement brûlant depuis la crise de 2008, qui a vu l'économie de l'île et son système bancaire surendetté (800 % du PIB !) s’effondrer. La forte dévaluation de la couronne et la flambée de l'inflation (+ 37,3 % entre janvier 2007 et décembre 2010) qui suivirent ont fait que nombre d'Islandais croulent toujours sous les remboursements douloureux.
Avec le plan du gouvernement, l’Islande montre avoir compris que la remise de dette, dans une situation de crise de l’endettement, est la meilleure chose qui puisse arriver non seulement au débiteur, mais aussi au créancier. Il vaut bien mieux réduire la dette pour la rendre supportable. La banque gagnera moins, mais ne perdra pas tout.
Après son refus de payer la dette, l’Islande a fait le triple de la croissance de l’UE
Ce n’est pas vrai que l’Islande a vaincu la terrible crise financière de 2008 en tournant le dos au capitalisme, en nationalisant ses banques, en chassant le FMI et en se débarrassant de sa classe politique. Mais c’est vrai que l’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles ; l’Islande est aussi le seul pays qui a nationalisé les banques privées et qui a emprisonné les banquiers responsables de la crise.
En 2008, le pays a fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, a exigé, en échange des mesures "d’ajustement" soit des coupures dans les dépenses sociales qui ont provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées.
Le nouveau Parlement, en 2010, a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement a soumis un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques privées en faillite au Royaume-Uni et dans les Pays-Bas, mais 90% des gens ont refusé de payer.
Le résultat ? Après avoir traversé deux années terribles, l’économie islandaise s’ébroue, avec une croissance de 2,5% par an en 2011 et 2012. C'est-à-dire trois fois plus que la croissance moyenne en Europe…