La fermeture de 10 des 23 réacteurs sud coréens pour des raisons de sécurité inquiète non seulement sur la sûreté du nucléaire civil, mais aussi sur des rationnements énergétiques qui vont devenir inévitables. Quand le nucléaire menace l’économie, songe-t-on enfin à s’en passer ?
Quand le nucléaire menace plus que la santé et l’environnement
La fermeture de 10 des 23 réacteurs sud coréens pour des raisons de sécurité inquiète non seulement sur la sûreté du nucléaire civil, mais aussi sur des rationnements énergétiques qui vont devenir inévitables. Quand le nucléaire menace l’économie, songe-t-on enfin à s’en passer ?
Une affaire de corruption à l'horizon
Les réacteurs Shingori 2 et Sinwolseong 1 ont été arrêtés fin mai. Des contrôles ont fait apparaître que des câbles de sûreté n’étaient pas conformes aux règlements stipulés par l’autorité nucléaire locale. Pire, le problème relève fort probablement d’une affaire probable de corruption : alors que les câbles, qui doivent pouvoir résister à des températures extrêmes, n’ont pas passé les tests requis, ils ont cependant été utilisés grâce à la falsification des documents nécessaires pour la mise en service. Pour remplacer ces 5 kilomètres de câbles dans chacune des centrales concernées, il faudra 5 à 6 mois.
L’affaire inquiète naturellement l’opinion publique coréenne, qui a été particulièrement effrayée par la catastrophe de Fukushima. Mais elle rend aussi nerveux les marchés financiers et les décideurs économiques. En effet, la fermeture de près de la moitié du parc nucléaire national combiné à un été qui s’annonce – contrairement à celui de l’Europe - torride et allongé, fait craindre des rationnements d’électricité. De quoi faire dérailler une économie qui se relève doucement après une période difficile.
Une crise énergétique inévitable
Malheureusement, la crise énergétique semble inévitable. Alors que la capacité restante maximale après ces fermetures ne dépasse pas 76,7 GW, la demande de pic attendue au mois d’août est estimée à 78,7GW, relate l’agence de presse nationale.
A long terme, ces déboires pourraient bien sonner le glas du tout nucléaire dans la péninsule. L’atome n’a déjà pas la cote dans un pays sous la menaces des folies guerrières de Kim Jong-un, qui s’enorgueillit des essais nucléaires réussis par l’armée nord-coréenne. Si cette source d’énergie, estimée plus stable que les ENR, commence à devenir indisponible au moment où l’on en a le plus grand besoin, les élites pourraient se tourner vers les énergies propres. Les décideurs sont en effet notoirement sensibles aux questions qui les touchent le plus directement. Et l’économie reste et restera le nerf de la guerre, bien avant l’environnement et la santé publique.