La chute de la consommation mondiale de tabac impose aux pays producteurs d’offrir des alternatives à leurs agriculteurs. Au Brésil, le gouvernement incite les agriculteurs à diversifier leurs cultures.
Quelles alternatives pour les familles productrices de tabac?
La chute de la consommation mondiale de tabac, notamment dans les pays industrialisés, impose aux pays producteurs d’offrir des alternatives à leurs agriculteurs. Au Brésil, cultivé depuis 120 ans, le tabac est un produit de poids dans la balance commerciale.
La Chine est le premier producteur mondial, avec 2,4 millions de tonnes, puis vient le Brésil avec un peu moins de 900 000 tonnes. La production brésilienne de tabac est essentiellement assurée par une petite agriculture familiale. Près de 200.000 établissements, principalement dans les régions sud et nord-est, cultivent le tabac.
Le 15 décembre 2011, la présidente, Dilma Rousseff, a promulgué une loi durcissant la vente du tabac. Élevant la charge fiscale pesant sur le produit, établissant un prix minimum, interdisant de fumer dans tous les espaces publics et sur les lieux de travail fermés, et interdisant la publicité sur les points de vente. Avec une augmentation de 300% de l’impôt sur les produits du tabac, le prix de vente du paquet de cigarettes va augmenter de 20% dès 2012, et de 55% d’ici 3 ans.
Des aides à la reconversion
Malgré cela, l’Alliance de Contrôle du Tabagisme (ACT) assure que l’industrie de la cigarette reste très lucrative. 90% du tabac produit au Brésil est exporté et la production reste élevée. Mônica Andreis de l’ACT affirme que:
L’argument de l’industrie consiste à dire que ces mesures conduiront le pays au chaos économique. Il est vrai que de nombreux agriculteurs familiaux, qui dépendent uniquement de ce type de culture pour survivre, s’exposent à des conditions de travail difficiles, notamment à cause du contact direct avec les substances chimiques traitant la feuille de tabac.
L’usage intensif de pesticides et la maladie du tabac vert, une intoxication aiguë provoquée par l’absorption de nicotine par la peau, poussent déjà de nombreux agriculteurs à se diversifier ou à changer de culture.
Le ministère du Développement Agraire a annoncé avoir investi, en 2011, 6 millions de US$ en assistance technique destinée à près de 10.000 familles produisant du tabac. D’ici la fin 2012, 50.000 familles vont bénéficier de cette assistance. Ce programme facilite l’accès des producteurs aux réseaux de financement et aux technologies de reconversion ou de diversification. 65 projets de diversification des cultures sont en cours, parmi lesquels des passages à l'élevage de poulets, de poissons, ou encore à la culture de fruits et légumes. Ces 6 dernières années, près de 80.000 familles productrices de tabac ont eu recours à cette aide.
25 millions de fumeurs
Ayant signé la Convention Cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, le Brésil s'est engagé à orienter des politiques publiques contre le tabagisme. Les fumeurs brésiliens sont en baisse ces 20 dernières années, mais ils sont encore 25 millions. Le tabagisme frappe principalement les Brésiliens vivant en zone rurale, de faible niveau scolaire et de faible revenu.
Parmi les personnes sans instruction ou avec moins d’une année d’étude, la proportion de ceux qui ont commencé à fumer avant leurs 15 ans est de 41%, et le pourcentage d’étudiants qui ont essayé la cigarette en 2009 a été de 25%.
En Amérique Latine, 10 pays ont déjà adopté de fortes restrictions concernant la publicité, la promotion et le sponsoring des cigarettes. 5 pays ont un impôt de 70%, ou plus, sur le prix de vente, et 7 ont adopté des avertissements obligatoires couvrant une surface de 30% minimum du paquet de cigarettes. L’Uruguay est celui qui applique la loi antitabac la plus dure. Les messages d’avertissements y occupent 80% du paquet de cigarettes.