La Jordanie souffre d’un manque d’eau dramatique. Pour y remédier, le gouvernement envisage de mettre en place un plan combinant le dessalage de l’eau de la Mer Rouge et le pompage de l’aquifère de Disi. Un projet qui inquiète les défenseurs de l’environnement.
Recherche eau désespérément
La Jordanie, pays recouvert à 92% par le désert, souffre d’un manque d’eau dramatique. Pour y remédier, le gouvernement envisage de mettre en place un plan très ambitieux combinant le dessalage de l’eau de la Mer Rouge et le pompage de l’aquifère de Disi. Un projet qui inquiète les défenseurs de l’environnement.
L'eau fossile, recours désespéré
La Jordanie, l’un des pays les plus arides du monde, a du mal à subvenir aux besoins en eau de sa population en pleine croissance. Une des propositions du Ministère de l’eau est de pomper le gisement d’eau de Disi, afin d’amener à Amman, la capitale, 100 millions de m3 d’eau pendant 50 ans. Or Disi est un gisement fossile : l’eau y a été emprisonnée depuis 300.000 ans et ne peut donc se régénérer. Plus grave, l’eau y est très riche en radium, comme l’indique le site jordan science. Le radium est un élément radioactif, facilement absorbé par les tissus corporels (notamment les os). Selon une étude de l’université de Duke (USA), le taux de radium à Disi serait 20 fois supérieur à la limite de la dose considérée comme "sans danger" pour la santé. Même si le radium peut être séparé de l’eau et que le mélange avec d’autres sources ferait baisser sa concentration, de nombreux experts restent critiques. C’est l’avis en particulier de Munqeth Mehyar, membre de l’ONG FoEME. Selon lui:
Si nous pompons l’eau de Disi, il y aura de graves conséquences, comme des dolines par exemple. Et il n’y a aucune étude qui nous dise de façon certaine combien de temps cette ressource durera.
Ressusciter la Mer Morte
Un accord de principe a été trouvé entre les gouvernements jordaniens, palestiniens et israéliens pour la construction d’un gigantesque pipe-line reliant la Mer Rouge à la Mer Morte. Cette dernière est en effet gravement asséchée du fait du détournement des eaux du Jourdain par les Israéliens, Palestiniens et Jordaniens. Conséquence : le niveau de la Mer Morte s’est effondré et sa salinité s’est encore accrue.
Ce projet de 4 milliards de dollars pourrait permettre de sauver la Mer Morte, aujourd’hui menacée de disparition, mais les associations écologistes craignent que le milieu naturel en soit bouleversé.
Une usine de désalinisation devrait aussi faire partie de ce plan et apporter 200 millions de m3 d’eau par an à la Jordanie.
Une politique qui prend l'eau
Tout le monde s’accorde à dire que le problème majeur est l’absence de gestion des ressources naturelles. Selon Dureid Mahasnesh:
C’est le chaos dans la politique de l’eau du pays. Nous n’avons pas de vraie stratégie ni de gestion de l’eau efficace, et les plans actuels ne tiennent pas compte de ce que les experts indépendants pensent ou disent.
Même avis pour Munqeth Mehyar :
Nous avons de l’eau, mais nous souffrons d’une importante mauvaise gestion.
Selon lui, près de 48% des réserves d’eau pompées sont perdues à cause des vols et des tuyaux de dérivation. Mais le problème est aussi climatique : des années de pluies anormalement faibles ont créé un déficit de 500 millions de m3 d’eau par an et le pays prévoit un besoin annuel de 1,6 milliard de m3 d’eau en 2015.