Le remaniement que viennent d’opérer François Hollande et Manuel Valls a déjà fait couler beaucoup d’encre et devrait continuer de faire réagir les responsables politiques de tous bords. Un premier exercice de perspective peut d’ores et déjà être fait afin d’évaluer la place de l’écologie dans un Gouvernement au programme chargé et en quête de cohérence et de succès.
Le maintien de Ségolène Royal : une bonne nouvelle pour tous
Lorsque l’ancienne candidate à l’élection présidentielle a pris les rênes du ministère de l’Ecologie en avril dernier, deux camps se sont affrontés. Le premier qui criait au déni de compétence et au parachutage grotesque. Le second qui voyait en la présidente de la région Poitou-Charentes, une femme politique à l’envergure assez grande pour porter le projet de loi sur la transition énergétique. Force est de constater que le second camp l’a emporté sur le premier. Ségolène Royal s’est imposée à la tête de son ministère et les acteurs de l’énergie et du développement durable ont fait comprendre qu’ils verraient d’un bon oeil la ministre conserver ses fonctions.
Cet appel a été entendu puisque Ségolène Royal va poursuivre son travail en présentant son projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte au Parlement en octobre. Le texte a été validé en Conseil des ministres le 30 juillet dernier et a été bien accueilli par les professionnels des énergies vertes, les associations et même les grands énergéticiens français. Un vrai tour de force quand on sait que la guerre entre pro et anti-nucléaires fait rage dès que l’écologie est évoquée.
Pour autant, les huit chapitres que contient le projet de loi vont être soumis à de nombreux amendements au Parlement et les risques de dénaturer le texte sont nombreux. Des sujets comme le nucléaire et la mise en place d’une économie circulaire créeront des tensions certaines que la ministre devra calmer avec tact. Les écologistes qui sont sortis du Gouvernement au printemps dernier pousseront-ils plus loin un projet de loi qui semble équilibré ?
Quid des écologistes ?
Le positionnement des écologistes est l’objet de craintes de la part de l’exécutif qui compte ses alliés depuis la prise de fonction de Manuel Valls. La stratégie de retrait du gouvernement décidée par Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse a mis la majorité dans un certain embarras alors que les « frondeurs » du Parti socialiste se font entendre de plus belle. A cela s’ajoute la parution du livre de l’ex-ministre du Logement (De l’intérieur : voyage au pays de la désillusion) qui a tous les aspects d’un brulot contre la politique du Gouvernement. Cette attitude frondeuse pourrait finalement avoir des conséquences positives sur la politique énergétique et environnementale du Gouvernement. En effet, le Parti socialiste n’a pas intérêt à se brouiller définitivement avec son allié vert dans la perspective des prochaines échéances (électorales). Détricoter le texte au Parlement serait une déclaration de guerre entre Verts et socialistes.
La loi sur la transition énergétique a donc de bonnes chances de passer sans trop d’encombres devant les députés et sénateurs. Après plus de deux ans de débats, tractations et compromis, il est temps que la grande loi soit votée et entre en vigueur.