Les émissions de CO2 en France poursuivent leur baisse, bien que le rythme se soit ralenti. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dévoilé des chiffres encourageants, mais loin d’être suffisants pour atteindre les objectifs fixés à long terme. Une diminution de 4,8 % des gaz à effet de serre a été observée sur l’année écoulée. Pourtant, les résultats du premier semestre 2024 montrent une tendance à la décélération. La France peut-elle maintenir le cap vers la neutralité carbone en 2050 ?
CO2 : en France les émissions reculent mais lentement
Des chiffres en baisse, mais un ralentissement marqué
Au cours des douze derniers mois, la France a enregistré une diminution de 4,8 % de ses émissions de CO2, selon les déclarations de la ministre de la Transition écologique. Cela marque une tendance encourageante dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, en se concentrant sur le premier semestre 2024, cette baisse n’est que de 3,6 %, bien inférieure aux résultats du premier trimestre, où le recul atteignait encore 5,3 %. L'année 2023 avait été particulièrement bonne avec une réduction globale de 5,8 %, mais ce rythme semble se stabiliser.
L’ensemble des secteurs de l’économie a contribué à la réduction des émissions, bien que certains aient enregistré des baisses plus significatives. Le secteur de l'énergie affiche une réduction de 15,1 %, principalement en raison de la moindre utilisation des centrales à charbon. Le bâtiment et l’industrie suivent avec respectivement 4,8 % et 4 %. Les transports, pourtant responsables d’une grande partie des émissions, n’ont baissé que de 2,1 %. Cette différence entre secteurs soulève des questions quant à l’efficacité et la pérennité des mesures adoptées.
Le gouvernement doit poursuivre ses efforts
Le Haut Conseil pour le climat souligne que deux tiers de la baisse des émissions en 2023 sont structurels, c'est-à-dire qu'ils résultent des politiques mises en place par le gouvernement. La rénovation énergétique des bâtiments, le verdissement des véhicules et la décarbonation de l’industrie ont contribué à cette amélioration. Toutefois, ce même conseil met en garde contre une potentielle baisse d’ambition de la part du gouvernement. Des retards dans la publication de documents stratégiques et des coupes budgétaires laissent craindre un essoufflement des efforts pour atteindre les objectifs fixés.
À côté des efforts structurels, certains facteurs conjoncturels expliquent aussi la diminution des émissions. En 2024, la douceur inhabituelle des températures en février a réduit la demande en chauffage, ce qui a fait baisser les émissions dans le secteur du bâtiment. De même, la moindre sollicitation des centrales à charbon, due à une production énergétique plus verte, a permis de réduire les émissions liées à l'énergie. Ces éléments conjoncturels sont cependant imprévisibles et ne peuvent être considérés comme des solutions durables.
Réduire les émissions de 55% d’ici 2030
L’objectif fixé par la France est clair : une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, puis atteindre la neutralité carbone en 2050. Selon le Secrétariat général à la planification écologique, cela implique une réduction annuelle de 5 % d'ici 2022. Cet objectif reste réalisable, mais demande un engagement constant et un soutien accru aux secteurs en difficulté, notamment le transport et l’agriculture, qui peinent à réduire leur empreinte carbone.
Un autre obstacle s’ajoute aux efforts de la France : le mauvais état des forêts, qui jouent un rôle clé dans l’absorption du dioxyde de carbone. Avec des forêts en déclin, le pays devra revoir ses ambitions à la hausse pour compenser cette perte naturelle de puits de carbone. Il est donc urgent de protéger ces écosystèmes pour éviter d’aggraver la situation.