Le 1er mai 2025, le gouvernement a discrètement tiré un trait sur le dispositif “Oui Pub”, malgré des résultats prometteurs. Expérimenté durant deux ans dans 14 territoires, ce mécanisme visait à limiter la distribution des prospectus publicitaires dans les boîtes aux lettres. En pleine urgence climatique, cette décision soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Pourquoi abandonner un outil salué par les écologistes, soutenu par les citoyens et mesurablement efficace ? Entre pressions économiques et renoncements politiques, la pub reprend ses droits.
Le gouvernement met fin au dispositif Oui Pub malgré son efficacité
La pub ciblée : un progrès environnemental… suspendu
Le dispositif “Oui Pub” fut lancé dans le cadre de la loi Climat et Résilience du 22 août 2021. Il introduisait un changement radical de logique, là où le traditionnel autocollant “Stop Pub” permettait aux citoyens de refuser les tracts par défaut (opt-out), “Oui Pub” inversait la mécanique avec un système d’opt-in.
Résultat ? Plus aucun prospectus sans consentement explicite. Une idée simple. Une application claire. Une portée massive. Et surtout, des résultats incontestables. Le rapport officiel note une réduction moyenne de 48 % des déchets papiers, et jusqu’à 70 % selon les territoires testés. Le volume des imprimés publicitaires dans les déchets ménagers est passé de 17 % à 40 % à seulement 5 % à 19 %. Si ces chiffres ne suffisent pas à convaincre, que faut-il de plus ?
Oui Pub : trop efficace pour durer ?
Malgré ces données, le gouvernement refuse de généraliser le dispositif. La raison invoquée : des résultats jugés “trop contrastés”. Une pirouette rhétorique peu convaincante, d’autant que le ministère de la Transition écologique admet que les difficultés économiques du secteur papier-publicité ont pesé dans la balance.
Dès lors, le retour du “Stop Pub” s’impose à nouveau dans tout le pays, y compris dans les territoires pilotes. Les ménages qui souhaitent ne pas recevoir de publicité devront à nouveau l’indiquer explicitement sur leur boîte aux lettres. C’est un retour en arrière assumé, qui invalide deux ans d’expérimentation publique.
Quand la pub pèse plus que l’écologie
Cette décision est naturellement accueillie avec soulagement par les professionnels du secteur, qui y voient une “bouffée d’oxygène” pour les commerces de proximité et l’imprimerie. Mais les associations environnementales, elles, dénoncent un revirement à courte vue.
L’association Zéro Déchet ou UFC-Que Choisir pointent l’incohérence. Comment parler de transition écologique sérieuse quand on saborde les rares dispositifs concrets qui fonctionnent ? D’autant que les consommateurs eux-mêmes avaient accueilli “Oui Pub” favorablement. Moins de déchets, moins de nuisance visuelle, plus de contrôle sur ce que l’on reçoit. Une mesure consensuelle, à faible coût, et pourtant sacrifiée sur l’autel du pragmatisme économique. À force de préférer la “croissance” au climat, le gouvernement se condamne à des reculs en série.