Dans l’état indien de l’Andhra Pradesh, le manque d’eau pour irriguer les champs a poussé environ 4 500 agriculteurs au suicide en 10 ans. Obligés d’emprunter pour forer des puits dans l’espoir de …
le manque d’eau pousse les agriculteurs au suicide dans l’état d’Andhra Pradesh
Dans l’état indien de l’Andhra Pradesh, le manque d’eau pour irriguer les champs a poussé environ 4 500 agriculteurs au suicide en 10 ans. Obligés d’emprunter pour forer des puits dans l’espoir de trouver l’eau salvatrice, ceux qui échouent se voient sans revenus et accablés de dettes, les poussant souvent au suicide.
Shekhar s’est suicidé à 25 ans. Il avait emprunté 150 000 roupies (environ 2 480 euros) pour louer du matériel de forage en espérant pouvoir cultiver du riz sur son terrain d’un demi hectare. Après trois tentatives infructueuses, il s’est pendu dans sa maison. Sa femme et ses deux fils ont quitté le village pour Hyderabad, où ils espèrent trouver un moyen pour survivre.
Ce genre d’histoire est malheureusement courant dans l’Andhra Pradesh. Swami, un agriculteur de l’état, explique qu’il a creusé 39 puits ces six dernières années. Deux d’entre eux lui ont donné accès à l’eau. Il assimile la quête de l’or blanc à un pari. Si un forage donne de l’eau, les emprunts peuvent être remboursés en 1 ou 2 ans. Les récoltes par la suite permettent aux familles de vivre dignement.
Sudershan Reddy vient du village de Vepur où sur les 80 puits creusés cette année, 4 ont donné de l’eau. Il explique que des géologues facturent leurs conseils 1 000 à 1 500 roupies (environ 25 euros). Ceux pour qui ces sommes sont rédhibitoires se reportent sur des devins et sourciers. Ils facturent 500 roupies (environ 8,3 euros) pour trouver les sources à l’aide de noix de coco.
Même avec des machines et gadgets modernes nous ne pouvons pas garantir la présence d’eau. On ne peut donc pas complètement disqualifier les méthodes traditionnelles. L’utilisation de noix de coco peut être débattue, mais pas disqualifiée.
Dans un autre village, Raja Reddy a déjà essayé de se suicider deux fois. Il a 200 000 roupies (environ 3 300 euros) de dettes avec un intérêt mensuel de 3%. Il a creusé 7 puits sans succès. Raja rentre tard chez lui par peur de ses créditeurs qui lui font la vie impossible et harcèlent sa femme. Ses filles vivent à 20 km chez d’autres membres de la famille pour éviter les ennuis. Son épouse commente :
mon mari me demande de quitter le village. Il ne peut pas supporter cette humiliation. Mais où doit on aller ? Pour faire quoi ?
Les puits sont de plus en plus profonds, mais les résultats ne changent pas. D’autre part, les forages des agriculteurs doivent de plus en plus faire face à l’activité des industriels, qui eux aussi cherchent l’eau, avec des moyens plus importants. Ainsi, plusieurs associations locales ont demandé l’interdiction des forages par les industriels. Sans grands espoirs de succès.