Exportateurs majeurs de métaux, d’hydrocarbures et de céréales, les pays latino-américains affichent des taux de croissance exceptionnels en ces temps d’inflation, mais peinent toujours à redistribuer équitablement ces nouvelles richesses.
La croissance offre une opportunité sans précédent de réduire la pauvreté
Exportateurs majeurs de métaux, d’hydrocarbures et de céréales, les pays latino-américains affichent des taux de croissance exceptionnels en ces temps d’inflation, mais peinent toujours à redistribuer équitablement ces nouvelles richesses.
Les richesses du Sud
Alors que les cours des matières premières s’envolent et affolent l’industrie sur une bonne partie de la planète, un continent se frotte les mains. L’Amérique latine tire son épingle du jeu grâce aux immenses réserves d’hydrocarbures du Venezuela, du Brésil et de Bolivie, aux terres fertiles de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay, ou encore aux richesses minières du Pérou et du Chili.
Tous les indicateurs sont au vert : le FMI indique une croissance de 6% en 2010 pour la région et pronostique un nouveau bond de 4,75% pour 2011. Car pour l’instant, rien ne laisse présager une stabilisation du prix des matières premières, toujours gonflé par la demande asiatique.
Un groupe de spécialistes réunis à Miami voit là une occasion sans précédent pour le continent de réduire la pauvreté qui frappe toujours une partie importante de sa population. Parmi les pistes proposées, l’amélioration de la qualité de l’éducation, un meilleur accès à la technologie et au crédit, ainsi qu’une lutte accrue contre la corruption, principal frein au bon fonctionnement des programmes d’aide.
L’éternel problème de la corruption
À l'heure où de nombreux pays voient progresser avec succès leur économie, il est nécessaire de mettre en place des accords régionaux pour implémenter de meilleures politiques contre la pauvreté
, estime Kevin Sullivan, directeur de politique économique régionale au Département d’État américain.
Il signale que son gouvernement travaille avec les pays d’Amérique latine dans le cadre du programme "Chemins vers la prospérité", destiné à développer des réseaux de protection sociale et de coopération entre les nations dans le combat contre la pauvreté.
De son côté, la représentante de l’association péruvienne Pro Mujer explique qu’une part importante des fonds destinés aux pauvres termine en fait dans la poche de politiciens corrompus dans la plupart des pays latino-américains.
Le continent le plus inégalitaire au monde
Pour Luanne Zurlo, directice de l’ONG Worldfund, le niveau de l’enseignement constitue également un écueil important sur la route de l’égalité des chances. Le problème ne concerne pas l’accès à l’éducation, puisque le taux de scolarité avoisine 92% en Amérique latine, mais plutôt sa qualité. C’est pourquoi Worldfund met en place des programmes de formation d'instituteurs et de directeurs d’écoles au Brésil et au Mexique.
Les spécialistes signalent que les mécanismes d’aide doivent être adaptés aux différents contextes, en prenant en compte les particularités de chaque pays. Ils s’accordent cependant sur le fait que les conditions économiques et les perspectives sont les meilleures que le continent ait connu depuis 50 ans : l’Amérique latine fait face à une opportunité unique de réduire enfin la pauvreté qui fait d’elle la région la plus inégalitaire au monde.