Alors que les coupures de courant générales se succèdent, le parlement étudie un texte incitant les Vénézuéliens à baisser leur consommation, sous peine de voir gonfler leur facture. Les associations de consommateurs dénoncent un procédé injuste.
Les gros consommateurs d’électricité seront sanctionnés par la loi
Alors que les coupures de courant générales se succèdent, provoquées par la saturation du réseau de distribution d'électricité national, le parlement étudie un texte incitant les Vénézuéliens à baisser leur consommation, sous peine de voir gonfler leur facture. Les associations de consommateurs dénoncent un procédé injuste et exigent une amélioration du service.
Économie ou rationnement ?
Proposé par la commission à l'Énergie et au Pétrole de l'assemblée nationale, le projet de loi sur l'efficacité et l'économie d'énergie voulue par le gouvernement d’Hugo Chávez est désormais entre les mains des députés. Ceux-ci devront voter un texte réglementant à la fois une utilisation rationnelle de l'électricité de la part du consommateur et l'efficacité de la prestation de services de la part de l'État.
Il s'agit de la contribution du parlement face aux problèmes d'approvisionnement en énergie (…) Nous ne parlons pas ici de rationnement, il n'y a pas de raison d'effrayer la population
, indique Luis Acuña, président de la commission.
Le gouvernement a tout de même annoncé son intention de rendre obligatoires les économies d'énergie, en sanctionnant ceux qui la gaspillent.
Incitation et sanctions
Un programme déjà appliqué dans la zone métropolitaine de Caracas en 2010 pourrait bientôt être généralisé à tous les états du pays. Il consiste à inciter les particuliers et les entreprises dont la consommation dépasse 500 kWh (kilowattheures) par mois à utiliser moins d'électricité. Pour cela un tarif plus avantageux leur est proposé : 20% de réduction si leur consommation baisse entre 10 et 20%, et 50% pour une baisse plus importante.
Ceux qui ne diminueront pas leur consommation verront en revanche leur facture augmenter de 75%.
Luis Acuña signale que la mesure sera accompagnée de campagnes d'information sur l'économie d'énergie en milieu scolaire jusqu'à l'université et auprès des membres de conseils municipaux.
Critiques de l'opposition
Cette méthode est contestée par l'Alliance nationale des consommateurs et usagers (ANAUCO), qui regrette que les consommateurs soient sanctionnés alors que c'est l'État qui est incapable de fournir un service de qualité.
C'est le monde à l'envers, c’est aux victimes, qui devraient au contraire être indemnisées chaque fois que le service électrique est interrompu, de payer les pots cassés en écopant au passage d'une amende
, s'indigne Roberto León Parilli, président de l’ANAUCO.
Il juge toutefois intéressante l'idée de récompenser les usagers disposés à diminuer leur consommation, en remplaçant par exemple leurs radiateurs électriques par des appareils au gaz.
Même colère auprès du Comité des usagers affectés par les coupures de courant, qui refuse que les consommateurs soient culpabilisés et s'oppose formellement à toute augmentation des tarifs tant que le système de distribution s'avèrera incapable de remplir sa mission de manière efficace.