Au Cameroun et dans d’autres pays de la région, les gouvernements sont prompts à accorder des terres forestières pour exploitation à des sociétés privées, aux dépens des populations locales.
Les Pygmées ne font pas le poids face aux promoteurs
Au Cameroun et dans d’autres pays de la région, les gouvernements sont prompts à accorder des terres forestières pour exploitation à des sociétés privées, aux dépens des populations locales.
Les tribus ancestrales expulsées de leurs terres
Depuis une dizaine d’années, le gouvernement du Cameroun a accordé plus de 42 000 hectares de forêt à des sociétés productrices de caoutchouc ou de bois. Les 5 000 habitants des villages concernés, et la communauté pygmée des Bagyeli ont été expulsés de leurs terres. La forêt est détruite.
Suite à la réaction des organisations de société civile, le gouvernement a fait un effort pour leur permettre de revenir sur une portion de 15 000 hectares. Mais cette terre ne leur est pas vraiment rendue, elle leur est accordée temporairement. Impossible donc de la posséder, la vendre ou bloquer des investisseurs potentiels.
Medjo Marcel, chef d’un des villages saisis, explique :
“Nos terres nous ont été volées et notre forêt, dont nous dépendons pour survivre, a été rasée pour y faire des cultures. Demain, un autre accord commercial risque de nous expulser de nouveau. Nous sommes forcés à être pauvres”.
Les populations ont reçu une autre terre en échange, mais il n’y a pas de gibier à chasser et les plantes médicinales ont disparu. Un fait confirmé par Francoise Tiayon de l'ONG RRI (Rights and Ressources Initiative) qui rajoute que les Pygmées n’ont plus de revenus de leur récolte, n’ont plus de bois pour faire du feu. Et aucune compensation.
Des gouvernements difficiles à suivre
Les experts environnementaux, qui décrient la destruction de la forêt tropicale, trouvent le gouvernement trop réceptif envers les investissements, au détriment des populations locales.
Le gouvernement essaie à la fois de protéger les communautés rurales et leur droit à la terre et d’un autre coté, il vend les forêts au promoteur le plus offrant. Certains ministères accordent des concessions minières et des permis de cultiver à des compagnies et d’autres vont essayer de protéger les droits des habitants.
Le rapport de RRI fait aussi état d’autres problèmes comme le fait d’ignorer les communautés concernées, la pression des politiques, des documents trompeurs ou falsifiés, une légalité douteuse et peu de transparence.
“Tellement de tragédies humaines pourraient être évitées si les droits à la terre en Afrique ne s’érodaient pas aussitôt qu’ils sont établis,” déclare Phil René Oyono, un expert auteur du second rapport de RRI. .
Par comparaison, les populations des forêts d’Amérique du Sud et d’Asie possèdent un quart ou un tiers des forêts. En Afrique, elles possèdent 2 % et toute la terre est gérée par les gouvernements.
“Il y a eu des nouvelles lois et des réformes depuis 2009,” ajoute Samuel Nguiffo, “mais ces efforts sont trop lents pour contrecarrer le développement et l’exploitation rapide dans le secteur de l’extraction. Les Africains ne doivent pas rester passifs pendant que notre futur est vendu au plus offrant.”