Pendant plusieurs mois, bateaux et plaisanciers des Caraïbes ont du faire avec les algues Sargasses. Cela n’a pas été sans conséquences sur le tourisme et les activités de pêche. Mais les Guadeloupéens et les Martiniquais semblent avoir trouvé la parade.
Quand les Sargasses agacent
Pendant plusieurs mois, bateaux et plaisanciers des Caraïbes ont du faire avec les algues Sargasses. Cela n’a pas été sans conséquences sur le tourisme et les activités de pêche. Mais les Guadeloupéens et les Martiniquais semblent avoir trouvé la parade. Récit d’un phénomène naturel au final moins indigeste que prévu…
Dans la mer des Sargasses, située entre la Floride, les Bermudes et Porto Rico, vivent des algues du même nom, les Sargasses, ou Sargassum, qui forment de temps à autre des îles flottantes. Or, entre mai et août 2011, ces algues ont dérivé jusque sur les côtes martiniquaises, guadeloupéennes et même guyanaises. En cause, des conditions météorologiques ayant inversé les courants marins du Nord vers le Sud, et une importante pluviométrie. En clair, un effet du réchauffement climatique parmi d’autres, selon les spécialistes de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).
Si les frondes de ces algues sont très imposantes, jusqu’à 12 mètres de long pour certaines d’entre-elles, et peuvent endommager les navires, elles posent un autre problème, de santé publique cette fois. Lors de leur décomposition, les Sargasses dégagent de l’hydrogène sulfuré (H2S, la fameuse odeur d’œuf pourri), dont le seuil de tolérance est fixé à 1 ppm (partie par million) pour l’être humain. Or, des taux deux à quatre fois supérieurs ont été mesurés sur plusieurs plages guadeloupéennes et martiniquaises (1).
Risques relatifs pour la santé
Les taux relevés en Martinique et en Guadeloupe sont toutefois bien inférieurs aux divers seuils de danger. Les risques pour la santé concernent essentiellement les personnes sensibles, tels que les jeunes enfants, les séniors, les asthmatiques, les malades respiratoires ou les femmes enceintes. Et un tel phénomène est létal à partir d’un dégagement de H2S de l’ordre de 668 ppm pour une exposition de 10 minutes.
Les muqueuses oculaires et respiratoires sont irritables à partir de 50 ppm pour une heure d’exposition. Cette décomposition est également à l’origine d’une baisse du taux d’oxygène dans l’eau, ce qui pourrait faire augmenter le taux de mortalité des poissons et des organismes marins près du littoral.
Revalorisation organique
Des mesures ont toutefois été prises afin d’éliminer cette nuisance, comme déconseiller voire interdire l’accès à certaines plages au public. Des fonds ont également été débloqués pour enlever les Sargasses : pas moins de 100 000 € en Martinique. En Guadeloupe, le budget est estimé à 300 000 €. Mais que faire de ces végétaux une fois récoltés ? Ces algues sont tout simplement valorisables comme compost ou pour alimenter le bétail.
En Martinique, des camions chargés d’algues sont arrivés au Centre de valorisation organique de la commune du Robert. Obligatoirement mélangées avec d’autres déchets verts afin de contrôler leur fermentation, elles formeront, au bout de quelques semaines, un compost qui fertilisera les sols martiniquais. Un mal pour un bien dans ce département où l’agriculture pâtit parfois des difficiles conditions tropicales?
(1) En comparaison, les émissions de H2S sur les plages de Bretagne sont 500 fois plus élevées que celles observées sur les plages caribéennes.