The Guardian revisite l’héritage écologique que l’ancienne première ministre Margaret Thatcher, décédée le 8 avril dernier, a laissé à la Grande-Bretagne et à la planète.
Quel héritage écologique pour Margaret Thatcher ?
The Guardian revisite l’héritage écologique que l’ancienne première ministre Margaret Thatcher, décédée le 8 avril dernier, a laissé à la Grande-Bretagne et à la planète.
Selon le quotidien anglais, Mme Thatcher a aidé la classe politique britannique à se préoccuper du changement climatique en prononçant plusieurs grands discours en faveur de l’environnement.
« Une expérience sur la planète »
Le premier discours, le 27 septembre 1988, a lancé le débat sur l’environnement en Grande-Bretagne en y évoquant notamment l’utilisation des combustibles fossiles. L’année dernière, Jonathon Porritt, responsable de l’association Friends of the Earth à la fin des années 1980, se souvenait de l’effet Thatcher :
« Lors des 60 dernières années, Thatcher a davantage contribué au débat écologique que n’importe qui d’autre. Dès 1987-88 quand elle a commencé à parler de la couche d’ozone, des pluies acides et du changement climatique, beaucoup de personnes qui pensaient que ces problèmes ne touchaient que les écolos bobos, se sont dit ‘Attendez, si Mme Thatcher en parle, c’est que ça doit être grave’. Elle a sensibilisé le public aux problèmes environnementaux. »
Le deuxième discours, face à l’assemblée générale des Nations Unies en novembre 1989, visait la communauté internationale. À l’époque, Thatcher avait déjà compris l’importance politique de l’environnement dans un monde globalisateur. Elle fut la première femme politique à poser la question des bienfaits d’une législation internationale, dans une période où les Verts commençaient à s’imposer dans les urnes britanniques.
« Ce que nous faisons subir à la planète est une nouvelle expérience pour la Terre. C’est l’humanité et ses activités qui changent l’environnement de notre planète de façon dangereuse. Les problèmes environnementaux auxquels le monde entier est confronté exigent une réponse équivalente de la part du monde entier. Chaque pays sera touché et aucun d’entre eux ne peut y échapper. Les pays industrialisés doivent davantage contribuer que les pays qui ne le sont pas. »
Des dérégulations néfastes pour l’environnement
Cependant, sa nouvelle passion pour l’environnement s’évaporait rapidement. Certes, elle inaugura le Centre Hadley sur les prévisions et la recherche climatiques en 1990, mais ne participa pas au sommet de la Terre de Rio et laissa à son successeur, John Major, le soin de signer des accords sur les forêts, le climat et autres. Au moment de raccrocher de la vie politique, elle n’avait plus rien à dire sur l’environnement jusqu’à ses mémoires en 2002, où elle déclarait rejeter les arguments d’Al Gore et ses prévisions « défaitistes ».
Par ailleurs, la politique ultralibérale adoptée par son gouvernement a changé la face écologique de la Grande-Bretagne. Parmi les privatisations à gogo, celle de la compagnie des eaux et des égouts en 1987 : jusque-là, l’accès à l’eau faisait partie des droits de l’Homme duquel il était possible de profiter sans grande contrepartie financière. Sous Thatcher, 10 grandes compagnies des eaux voyaient le jour. Et comme prévu, le prix de l’eau augmentait de 50 % en quatre ans.
Thatcher, responsable de la pauvreté mondiale ?
L’effet Thatcher n’allait pas non plus rester confiné aux frontières du Royaume-Uni. Avec les États-Unis, elle allait diriger la Banque Mondiale, le FMI et l’OMC dans les années 1980 et allait obliger plus de 100 pays en voie de développement à déréguler leur industrie, ouvrir leurs marchés, privatiser leurs entreprises nationales. Ce fut alors la porte ouverte à l’exploitation sans limite des ressources naturelles de ces pays émergents. Les conséquences : augmentation de la pauvreté, dégradation considérable de l’environnement.
Les 11 années de pouvoir de Thatcher (1979-1990) ont coïncidé avec une décennie de profond changement environnemental. La planète a vu sa population mondiale augmenter de 800 millions de personnes, ses forêts vierges diminuer de 150 millions d’hectares et la pauvreté monter en flèche. Si le système politique et financier adopté notamment par la Grande-Bretagne ne peut être tenu seul responsable pour tout le mal qui a été fait, l’histoire retiendra que tout ceci s’est produit sous le règne d’une certaine Dame de fer.