Les traînées de condensation des avions, ces fines lignes blanches que l’on aperçoit dans le ciel après le passage d’un avion, sont plus que de simples nuages éphémères. Selon des experts, leur impact sur le réchauffement climatique pourrait surpasser celui des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Ce phénomène, étudié en septembre lors d’un congrès, et encore méconnu du grand public, attire de plus en plus l’attention des scientifiques et des compagnies aériennes, qui travaillent ensemble pour atténuer leurs effets.
Les traînées d’avions : une menace climatique sous-estimée ?
L'effet méconnu des traînées de condensation
Les traînées de condensation se forment à haute altitude, dans des zones très froides et humides, lorsque les particules issues de la combustion du kérosène se transforment en cristaux de glace. Ces cristaux créent des voiles nuageux appelés cirrus, qui empêchent la chaleur de s’échapper de l’atmosphère. L'effet de ces trainées est comparé à celui d’un gaz à effet de serre, augmentant ainsi la température terrestre. Si ces traînées ne durent que quelques minutes en plein jour, elles peuvent persister durant plusieurs heures la nuit, accentuant alors l’effet de réchauffement.
Les traînées de condensation, classées parmi les émissions non-CO2 des avions, pourraient représenter jusqu'à 57 % de l'impact climatique du secteur aérien, selon une étude menée par le professeur britannique David Simon Lee. Ces résultats bouleversent les idées reçues : alors que l’attention se focalise souvent sur les émissions de CO2, ces nuages artificiels pourraient avoir une influence bien plus significative. Cependant, l’effet de ces émissions non-CO2 reste de courte durée, contrairement au dioxyde de carbone, ce qui laisse penser que des solutions peuvent être trouvées rapidement pour les éviter.
Comment atténuer cet impact ?
Tous les vols ne génèrent pas de traînées de condensation. Certaines études montrent que seulement 4% des vols d’Air France sont responsables de 80% des traînées de la compagnie. La solution ? Modifier les trajectoires des avions pour éviter les zones dites sursaturées en glace. De nombreux pilotes de la compagnie ont participé à des observations pour aider Météo-France à améliorer ses prévisions et, ainsi, éviter ces zones. Toutefois, la précision des prévisions météorologiques reste un enjeu majeur : voler à proximité de ces zones pourrait malgré tout entraîner la formation de traînées.
La recherche avance également sur le front technologique. Par exemple, les pilotes d’American Airlines ont effectué des vols tests au-dessus et en dessous des zones à risque grâce à l’aide de modèles logiciels, de satellites et de l’intelligence artificielle. Les résultats sont encourageants : une réduction de 54% des traînées a été observée, même si cela a entraîné une augmentation de 2% de la consommation de carburant. À terme, le développement de systèmes globaux d’évitement pourrait réduire de 40 % l’impact de l’aviation sur le climat. Mais la mise en place d’un tel système nécessite une coordination internationale, particulièrement complexe dans un espace aérien déjà saturé.