Plus de temps à perdre pour la RSE

Après un départ timide, l’Amérique latine rattrape son retard en matière de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). C’est ce que révèle l’étude El Estado de la RSE en América Latina 2011 réalisée par le Forum Empresa.

Par GVadmin Modifié le 19 octobre 2012 à 16 h 17
RSE Amérique latine.

Après un départ timide, l'Amérique latine rattrape son retard en matière de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). C'est ce que révèle l'étude El Estado de la RSE en América Latina 2011 réalisée par le Forum Empresa.

Fondé en 1997 par des entrepreneurs américains libéraux et progressistes, conscients de l’importance à venir de la RSE, le Forum Empresa est un réseau de 22 associations d’entreprises engagées dans des démarches de pratiques socialement responsables. Elle représente aujourd'hui plus de 3300 sociétés et 19 pays de tout le continent américain, du Canada au Chili en passant par le Mexique.

Réseau Forum Empresa.
Le réseau d'associations responsables du Forum Empresa. © Forum Empresa

En 2011, l’organisation publie le premier rapport complet sur la RSE pour l'Amérique centrale et du Sud. Il en ressort notamment, parmi les 3200 personnes interrogées, que 73% des cadres et 54% des consommateurs considèrent que la RSE progresse de manière positive. 55% des sociétés déclarent avoir mis en place une politique RSE au sein de leur structure et communiquer sur leurs bonnes pratiques en interne. Mais l’étude vise surtout à montrer les obstacles qui pourraient ralentir l’expansion de la RSE, comme le rappelle la directrice exécutive du Forum Empresa, Yanina Kowszyk :

Quand on demande ce qui ne va pas, c’est le manque de confiance qui est largement évoqué. 70% des consommateurs considèrent que les législations doivent évoluer et que les pouvoirs publics doivent plus encourager la RSE.

L'écotourisme comme modèle

Et pourtant, les latino-américains devraient avoir plus confiance en eux et en leurs richesses : les traditions des peuples indigènes d’une part, une faune et une flore époustouflantes d’autre part. Le Costa Rica en est un bon exemple. Ce petit pays abrite 5% de la biodiversité mondiale et dont seules 18% de ces espèces sont connues, ce qui attire toujours de nombreux chercheurs dans le pays. Un tourisme scientifique qui s’est mué au fil des ans en écotourisme, grâce aux efforts de personnes de bonne volonté.

Parmi elles, Patricia Forero, consciente que le tourisme représente une rentrée d’argent déterminante pour les pays les plus pauvres. Sa société Horizontes Nature Tours, créée il y a 28 ans, a su évoluer vers des activités de tourisme responsable et durable :

Nous proposons plus de 270 itinéraires mettant en valeur les richesses naturelles du Costa Rica et les cultures indigènes, à qui nous redistribuons une partie de nos revenus. Nous participons également à la protection de nos parcs nationaux.

Certificat de tourisme durable.Horizontes Nature Tours participe en effet à des projets de réduction d’empreinte carbone. Elle fait également la promotion du label CST (label de tourisme durable au Costa Rica ) : 240 entreprises du secteur (artisanat, restauration, hébergement) certifiées aujourd’hui, avec un objectif de 500 en 2016. Un effet boule de neige qui devrait tirer vers le haut toute l’industrie touristique du pays.

Pauvreté sociale et richesses naturelles

La RSE est surtout vue comme un investissement social nécessaire, permettant d’améliorer les conditions de vie de la population pour en tirer des bénéfices à long terme. Sur les 588 millions d’habitants d’Amérique latine et des Caraïbes, 20% n’ont pas accès à un système sanitaire correct, 34% ont une maladie tropicale que l’on peut soigner, et 11% vivent avec moins d’un dollar par jour. De grands défis qui font dire au directeur de la FEMSA Foundation, Vidal Garza Cantu, que la RSE ne peut se faire sans collaboration :

Nous essayons de développer des partenariats pour apporter plus de moyens à des projets souvent considérables. Le retard pris par l'Amérique latine en matière de RSE est du en partie aux disparités, à l'échelle du continent, en ce qui concerne les politiques économiques et sociales locales. Mais nous progressons mieux ces dernières années.

Le Chiapas est par exemple l’un des États les plus pauvres et les plus isolés du Mexique. Il compte 4,2 millions d’habitants, dont la majorité vit dans des villages repliés sur eux-mêmes pour des raisons ethniques et historiques. 70% de ses foyers ne disposent pas d’accès à l’eau potable. Une atteinte aux droits de l'homme que ne veut plus laisser subsister la FEMSA, le plus grand distributeur de boissons d’Amérique latine, fondée en 1890.

Début 2011, Fundación FEMSA, fondation de cette société mexicaine, créée en 2008, lance alors un projet humanitaire dans cet état frontalier avec le Guatemala. 175 centres de désinfection de l’eau ont été installés dans les communautés rurales et devraient au final profiter à près d’un million de personnes. Ce projet couplé avec une campagne de vaccination a permis d'éradiquer le trachome - une infection provoquant la cécité -  dans la région.

Cet exemple, parmi d’autres, fait partie du programme "Eau et assainissement" de la FEMSA. Celui-ci vise à assurer aux plus défavorisés un accès à l’eau potable et aux soins dans cette région du monde particulièrement exposée aux catastrophes naturelles.

Il serait donc possible de déverser des millions de litres de bière et de Coca-Cola sur le continent, tout en se souciant de sa communauté ?